Professeur Abbé Louis Mpala

lundi 14 décembre 2020

La Lettre à Ménécée, lettre qui se veut un résumé de la doctrine d’Epicure quant à l’éthique, est un discours d’exhortation, de « protreptique » invitant les jeunes gens à philosopher. G. Arrighetti traite la Lettre à Ménécée d’ « un véritable manifeste philosophique, ce que d’un terme technique on appelait alors protreptique »[1].

Pour Epicure, la philosophie est une THERAPIE : elle procure la santé de l’âme et tout homme, tout âge confondu, en a besoin : « Il faut philosopher pour être heureux et malheur à celui qui dit que l’heure de philosopher n’est pas encore arrivée pour lui »[2]. Le jeune a besoin de philosopher « pour rajeunir au contact du bien que la philosophie procure et afin d’être, quoique jeune, tranquille comme un ancien en face de l’avenir »[3]. Le vieillard est aussi invité à philosopher, cela lui permettra de se remémorer « les jours agréables du passé »[4] afin de rendre agréable le présent ou la vie présente.

Puisqu’il faut philosopher pour être heureux sur la terre, Epicure, de ce fait, nous invite, à travers son disciple Ménécée, à « méditer sur les causes qui peuvent produire le bonheur puisque, lorsqu’il est à nous, nous avons tout, et que, quand il nous nous manque, nous faisons tout pour l’avoir »[5]. En effet, tout homme cherche le bonheur. C’est cela l’Eudémonisme.

« Méditer sur les causes qui peuvent produire le bonheur » revient aussi à méditer sur les causes qui peuvent empêcher le bonheur. Voilà la tâche à laquelle Epicure s’adonnera dans cette lettre et pour que Mécène bénéfice de bons fruits des enseignements de son maitre, il doit se convaincre que la philosophie est un mode de vie ayant des exercices spirituels. Et dans cette lettre, Epicure propose quelques exercices spirituels dont : « attache-toi…, médite-les…, regarde-le…, prends l’habitude de penser que… rappelle-toi que… médite donc… médite-les jour et nuit… »[6]. Pierre Hadot s’appesantit sur l’exercice spirituel de la méditation. Méditer, écrit-il, « c’est-à-dire s’assimiler intimement, prendre conscience intensément des dogmes fondamentaux »[7]. J’entends par « dogmes fondamentaux » les enseignements du maitre : « Attache-toi donc aux enseignements que je n’ai cessé de te donner et que je vais te répéter ; mets-les en pratique et médite-les »[8].

Le rôle de la philosophie nous fera voir en quoi consiste la vraie recherche du bonheur ou but de la vie humaine.



[1] G. ARRIGHETTI, ., « Epicure », dans Dictionnaire des philosophes, Paris,

Encyclopédia universalis/Albin Michel, 1998, p. 525.

[2] EPICURE, Lettre à Ménécée, §122, Traduction d’Octave Hamelin (1910) Edition électronique (club, PDF) : Les Echos du maquis, 2011. Disponible sur http://philosophie-accreteil.fr.

[3] Ibidem.

[4] Ibidem.

[5] Ibidem. Je souligne.

[6] Ibidem.§ 123 et 135.

[7] P. HADOT, Qu’est-ce que la philosophie antique ? Paris, Gallimard, 1995p. 191.

[8] EPICURE, op. cit., § 123.

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La Lettre à Ménécée, lettre qui se veut un résumé de la doctrine d’Epicure quant à l’éthique, est un discours d’exhortation, de « protreptique » invitant les jeunes gens à philosopher. G. Arrighetti traite la Lettre à Ménécée d’ « un véritable manifeste philosophique, ce que d’un terme technique on appelait alors protreptique »[1].

Pour Epicure, la philosophie est une THERAPIE : elle procure la santé de l’âme et tout homme, tout âge confondu, en a besoin : « Il faut philosopher pour être heureux et malheur à celui qui dit que l’heure de philosopher n’est pas encore arrivée pour lui »[2]. Le jeune a besoin de philosopher « pour rajeunir au contact du bien que la philosophie procure et afin d’être, quoique jeune, tranquille comme un ancien en face de l’avenir »[3]. Le vieillard est aussi invité à philosopher, cela lui permettra de se remémorer « les jours agréables du passé »[4] afin de rendre agréable le présent ou la vie présente.

Puisqu’il faut philosopher pour être heureux sur la terre, Epicure, de ce fait, nous invite, à travers son disciple Ménécée, à « méditer sur les causes qui peuvent produire le bonheur puisque, lorsqu’il est à nous, nous avons tout, et que, quand il nous nous manque, nous faisons tout pour l’avoir »[5]. En effet, tout homme cherche le bonheur. C’est cela l’Eudémonisme.

« Méditer sur les causes qui peuvent produire le bonheur » revient aussi à méditer sur les causes qui peuvent empêcher le bonheur. Voilà la tâche à laquelle Epicure s’adonnera dans cette lettre et pour que Mécène bénéfice de bons fruits des enseignements de son maitre, il doit se convaincre que la philosophie est un mode de vie ayant des exercices spirituels. Et dans cette lettre, Epicure propose quelques exercices spirituels dont : « attache-toi…, médite-les…, regarde-le…, prends l’habitude de penser que… rappelle-toi que… médite donc… médite-les jour et nuit… »[6]. Pierre Hadot s’appesantit sur l’exercice spirituel de la méditation. Méditer, écrit-il, « c’est-à-dire s’assimiler intimement, prendre conscience intensément des dogmes fondamentaux »[7]. J’entends par « dogmes fondamentaux » les enseignements du maitre : « Attache-toi donc aux enseignements que je n’ai cessé de te donner et que je vais te répéter ; mets-les en pratique et médite-les »[8].

Le rôle de la philosophie nous fera voir en quoi consiste la vraie recherche du bonheur ou but de la vie humaine.



[1] G. ARRIGHETTI, ., « Epicure », dans Dictionnaire des philosophes, Paris,

Encyclopédia universalis/Albin Michel, 1998, p. 525.

[2] EPICURE, Lettre à Ménécée, §122, Traduction d’Octave Hamelin (1910) Edition électronique (club, PDF) : Les Echos du maquis, 2011. Disponible sur http://philosophie-accreteil.fr.

[3] Ibidem.

[4] Ibidem.

[5] Ibidem. Je souligne.

[6] Ibidem.§ 123 et 135.

[7] P. HADOT, Qu’est-ce que la philosophie antique ? Paris, Gallimard, 1995p. 191.

[8] EPICURE, op. cit., § 123.

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