Hubert MONO Ndjana Hubert MONO Ndjana, par son récent ouvrage intitulé La philosophie négro-africaine. Essai de présentation générale, se confirme comme un historien de l’histoire de la philosophie africaine francophone. Je voudrais faire la recension de son livre en allant pas par pas. Ceci étant, il va sans dire que je produirai plusieurs textes dont celui-ci est le premier de la série. Que dire de son introduction (p. 11-15) ? Hubert prend l’image de l’oiseau de Minerve qu’il emprunte au « vieux » Hegel comme le dirait Karl Marx, son disciple de gauche. De ma part, cet oiseau qui n’arrive qu’à la tombée du jour est comparable aux « Croix-Rouges » qui arrivent toujours en retard si ce n’est pour compter les cadavres. Or, à mon humble avis, Hubert Mono est un philosophe Veilleur, Gardien du « Temple » de la philosophie africaine ; et pour preuve, il est à l’affût pour faire barrage à Daniel TCHAPDA, alias « le dernier des Mohicans » (p. 21), l’ « avatar inconscient du négativisme anti-africain » (p. 35), dont le sous-titre Prolégomènes aux questions actuelles relève, selon Hubert, d’« une forme d’escroquerie, ou de contrebande à travers un emballage attrayant » (p. 35). Et quand je vois Hubert traité Tchapda de celui qui était atteint d’une « amnésie » (p. 25) de celui qui « se montre en retard d’une génération » (p. 30), je me dis que l’oiseau de Minerve est mal choisi. Comme on peut le deviner, Hubert Mono, à le lire de près, me fait penser à Karl Marx, Friedrich Engels, Vladmir Lénine et Louis Althusser qui prennent au sérieux l’adage d’Emmanuel Kant pour qui la philosophie est un Kampfplatz, un champ de bataille. De ce fait, on prend position pour bien attaquer et contre-attaquer avec la belle et grande arme qui est la CRITIQUE. Daniel Tchapda et Maurice Kamto en ont fait les frais pour avoir fait la « fanfaronnade philosophique » en proclamant le « désert » de la philosophie africaine. Tana Ahanda est accusé d’ « une autre fanfaronnade philosophique » (p. 37). Louis Mpala Mbabula, que je suis, est traité de « moins obséquieux et moins diplomate » (p. 41). Hubert est un gardien de la « foi philosophique africaine » et n’hésite pas à jeter l’anathème sur celle ou celui qui « profane » la philosophie africaine. Voilà l’homme qui, dès son introduction qui le montre avancé sans masque, prend la résolution de faire le « démontage de (…) trois tentatives nihilistes [de la philosophie africaine] » (p. 12), et ce dans la première partie de son ouvrage. Ceci étant, Hubert se donne pour tâche, après le démontage, d’opérer « un recentrage sur la question de l’envol, une réflexion méthodologique, suffisamment élaborée, sur l’essence même de la philosophie » (p. 12). C’est le versant positif de la deuxième partie de son livre sous examen. Y arrivera-t-il ? Attendons la fin de la recension. La troisième partie dudit livre part de la théorie à la pratique de la philosophie africaine. Il aborde la philosophie africaine, en dernière instance, « dans son existence concrète » (p. 12), et ce en faisant voir comment elle se traduit « en acte par des méditations personnelles sur l’essentiel » (p. 12). Voilà qui conduit, logiquement, à la quatrième partie intitulée Esquisse d’un panorama de la philosophie africaine présentant la philosophie en acte et ainsi Hubert le gardien du « Temple » de la philosophie africaine jettera, « pour la première fois, l’indispensable pont [entre le monde africain anglophone et le monde africain francophone] qui faisait défaut entre les deux univers » (p. 13) A-t-il réussi son pari ? La recension le dira. Wait and read ! After you will see ! De ce qui précède, l’on peut déjà deviner que « l’ensemble des quatre parties de cet ouvrage développe (…) une bien vaste problématique, qui va de la polémique de déblayage la théorie, puis à la pratique et finalement à la présentation de la philosophie en Afrique » (p. 13) et non de l’Afrique. Il se garde de confondre « en » à « de ». Contre toute attente, Mono, malheureusement, croit que « cette pensée [philosophie africaine] n’a pas encore véritablement pris sa vitesse de croisière, de sorte à engendrer un Platon, un Descartes, un Hegel, un Kant, un David Hume, un Spinoza ou Jean-Paul Sartre, une Simone de Beauvoir, une Simone Weil, ou une Hannah Arendt, … » (p. 13). Non, Hubert, n’oublie pas que tu n’es pas moindre par rapport à Laërce qui a écrit l’histoire de ses frères ! Que dis-tu de nos Amo, Marcien Towa, Ogotemmêli, Ngoma-Binda, Steve Biko, Cheik Anta Diop, Zara Jacob, Paulin Hountondji I et II, Imhotep, Emmanuel Maloso Dissakè, Thomas Sankara, Awa Thiam, Marie-Louise Diouf-Sall, Ebenezer Njoh-Mouelle, etc. Je sais, un fait est de commenter et enseigner un philosophe, un fait est de produire sa propre philosophie qui sera enseignée. En te lisant, je me sens en Afrique où tu fais défiler devant moi les grandes figures dont on doit s’inspirer. Alors, trève de brandir les figures grecques et européennes qui sont devenues des patrimoines de la philosophie universelle et par ton livre et la diffusion des écrits des philosophes africains, on voit certains africains devenir des patrimoines philosophiques mondiaux. Revenons à la deuxième partie de l’introduction, celle qui a trait à la Question de méthode. Hubert y présente « l’esprit » de son ouvrage ou « son orientation épistémologique ». Rejetant « la perspective d’un afrocentrisme revanchard ou celle d’une antériorité triomphante et antagoniste » (p. 13) de ceux qui crient la « philosophitude africaine » (accordez-moi ce néologisme qui n’est pas de Hubert Mono), Hubert opte pour « une visée positive et sereine l’objectivité scientifique, qui consiste seulement faire connaître une synthèse un peu plus organisée d’une réalité qui existait désorganisée, dans le libre jeu d’un espace sans signaux d’identification » (p. 13). C’est un travail de longue haleine, et pour nous convaincre il donne l’historique de ses recherches qui montent dans les années 80 à l’Université de Yaoundé (p. 13). Méthodologiquement, il s’écarte de Grégoire Buyoyo « faisant confusion dans un élan épistémologique peu commun, entre l’Histoire des faits et l’Histoire de la philosophie et qui tombe dans l’ivresse de « la taxinomie comme méthodologie de présentation. D’où il prend la résolution de présenter son corpus « sans polémique et sans parti pris (p. 15), et ce en toute objectivité. Non, Hubert, la polémique est là, mais sous un angle philosophique ; ainsi, tu es le gardien dont je parle et tu as un parti pris, car comme le dit Louis Althusser, on parle toujours à partir d’un lieu théorique et pratique donné. D’où ton humilité scientifique qui apparait par –ci par-là et je le ferais voir au temps opportun. A ce propos, je te renvoie à la note de bas de page 19 (p. 29) dans laquelle tu fais appel ) Louis Althusser qui convoque ou évoque Lénine pour nous dire que « toute philosophie prend parti, en fonction des tendances fondamentales adverses ». Je dois souligner, après cette digression ( ?) que Hubert n’affole pas de néologisme comme négrosophie ou afrosophie pour qualifier ses recherches, car il veut s’en tenir à la visibilité recherchée. Toutefois, reconnait-il par HUMILIITE SCIENTIFIQUE, « cette visibilité n’est malheureusement pas aussi totale, aussi complète qu’on pourrait le souhaiter » (p. 15). Oui, Hubert a raison : « c’est la limitation fort compréhensible d’un regard humain, hélas trop humain [ça sent Nietzsche], et non un choix ou une discrimination volontaire » (p. 15). Voilà pourquoi il demande aux lecteurs critiques de « faire preuve d’indulgence » (p. 15) si l’un (e) philosophe n’est pas mentionné dans son livre. Avec le temps, il se rachètera. Je lui fais confiance, car il a tenu compte de certains souhaits émis dans la recension de son livre de Philosophie africaine de 2009. (A suivre)