INTRODUCTION Plus d’une fois j’ai été invité à animer des Séminaires portant sur la méthodologie de la recherche scientifique et plus particulièrement sur la rédaction d’un article scientifique. De ces différentes rencontres scientifiques, j’ai eu beaucoup à apprendre et je devrais à tout moment mettre à jour mes notes. Voici venu le moment de proposer un texte et de le mettre à la disposition et à l’appréciation des chercheurs. Pour la réalisation de ce texte je me suis largement servi de trois livres, celui de Bernard DIONNE , le mien , d’un collectif et de l’Internet. C’est un petit manuel pour donner quelques directives aux chercheurs et il se veut un outil de travail perfectible. S’adressant aux chercheurs des sciences humaines, des sciences du vivant et des sciences exactes, ce petit manuel ne remplace en aucune façon mes collègues professeurs ; au contraire, il leur est un précieux outil qu’ils auront à parfaire et à commenter. Ceci dit, l’on comprendra que la méthodologie de la recherche scientifique a ses exigences, requiert une ouverture de l’esprit et recommande l’esprit scientifique. Voilà pourquoi j’attends les suggestions et les critiques afin de me remettre au travail. Il y va de la réussite collective. Je remercie mon collègue Professeur Ordinaire MWENZE wa KYUNGU Eric Jean-Paul, Maître-Directeur de la Chaire Scientifique de la Psychopédagogie ouverte, CSPO, qui a bien voulu m’inviter à animer un « Grand atelier de renforcement des capacités du scientifique en matière de la recherche » en date du 16 décembre 2017. Je le félicite et l’encourage pour son initiative, et ce, après avoir suivi une formation ad hoc aux Etats-Unis. Loin de moi d’en faire une apologie, mais je prends acte de ses résultats scientifiques. Qui ne risque rien, n’a rien, dit-on ! Je remercie également toutes les Institutions qui ont eu à m’inviter pour animer des Séminaires portant sur la méthodologie de la recherche scientifique. Je remercie également le doctorant C.T. Lambert Longombe Ndjate avec qui, souvent, j’anime les séminaires. Cet écrit porte ma responsabilité scientifique et j’en assume ses lacunes et limites. Le texte se structure de la manière suivante : je parlerai d’abord de la recherche scientifique ; ensuite j’aborderai le point portant sur le chercheur et ses activités scientifiques et enfin je m’appesantirai sur la rédaction de l’article scientifique. Je dois signaler que les trois points se suivent logiquement et se complètent. C’est par souci pédagogique qu’ils se présentent séparément.   1. RECHERCHE SCIENTIFIQUE   La recherche scientifique est un ensemble d’activités intellectuelles méthodiques. Autrement dit, dans la recherche scientifique, on apprend ou mieux on fait voir comment utiliser et respecter les règles, les normes et les principes de la démarche scientifique et comment appliquer les différentes méthodes. En outre, c’est avec rigueur que le chercheur fera son travail, c’est-à-dire avec précision, exactitude en examinant le problème posé et en suivant le schéma défini par la communauté scientifique de son domaine de recherche. Je fais savoir que la rigueur ne rime pas avec la rigidité exprimant la fermeture et le statu quo et qui exclut l’esprit scientifique. Cette démarche scientifique appelée recherche scientifique a pour but l’acquisition des connaissances dont la visée est d’apporter une réponse ou une solution aux problèmes. Là où il y a une recherche scientifique, il y a toujours un problème qui se pose et qui exige une réponse. Celle-ci peut être originale ou inédite par rapport aux réponses précédentes proposées. De ce fait, on comprendra que la recherche scientifique contribue au progrès de la science (nouvelles connaissances, nouvelles théories) et au développement de la société humaine grâce à l’application des résultats scientifiques. Voilà pourquoi la recherche scientifique exige l’objectivité. Celle-ci est comprise de différentes façons selon les domaines de la recherche scientifique et selon la théorie épistémologique que l’on défend . L’objectivité en chimie et en histoire, par exemple, n’est pas définie de la même manière. De par sa nature, la science invite le véritable scientifique à se laisser attirer par « la stimulation de la découverte et de la recherche (…)» . Puisqu’il s’agit de la recherche, le scientifique provenant de n’importe quelle discipline scientifique a la passion de connaître comme ne cessait de le dire Aristote. De ce fait, se révèle en lui la curiosité intellectuelle. « Cela signifie que le chercheur est par nature animé du désir de connaître et de l’obstination qui va avec. Un scientifique véritable garde vivant en lui le sens de l’étonnement devant le mystère de la Nature [et de la Vie] » . Par la curiosité intellectuelle le chercheur se force de sortir des idées convenues et se lance vers la découverte. La curiosité scientifique a pour compagnon l’amour de la vérité qui rime avec l’honnêteté intellectuelle. J’ajoute, par ailleurs, que la curiosité scientifique, l’amour de la vérité et l’honnêteté intellectuelle sont aveugles si l’esprit critique venait à faire défaut. « Il faut savoir mettre en doute ce qui semble bien installé dans la conscience commune, mais a bien des raisons d’être remis en cause. L’esprit critique est l’art de bien juger en discriminant le vrai du faux » . Quand on a un esprit critique, on aimera le débat qui cultivera dans le chef du chercheur l’autocritique et la vigilance ; aussi sera-t-il à même d’accepter la remise en question de son savoir, car tout chercheur averti sait que l’erreur est humaine et qu’il ne perd rien en se mettant à l’école de ses erreurs. Il y va de l’humilité scientifique qui invite tout chercheur à se soumettre à l’appréciation des autres chercheurs sans pour autant s’y soumettre aveuglement. Ceci fait partie du destin du scientifique. En outre, je dois souligner que cette passion de connaître contribue à former plusieurs vertus dont l’indépendance du jugement (« le paradigme de l’objectivité exige que le scientifique soit capable de mettre de côté le parti pris passionnel, tel qu’on le rencontre souvent dans le débat politique, dans les luttes partisanes du nationalisme, les affrontements religieux etc. )» , le désintéressement (« il faut entendre par désintéressement cette qualité morale qui fait qu’un chercheur est avant tout soucieux de la vérité. Le désintéressement commande de ne pas spécialement rechercher la gloire, la reconnaissance, les honneurs, mais de travailler modestement au progrès du savoir » ), l’humilité (reconnaître les limites de la raison devant la complexité de la nature et le mystère de la vie), la probité intellectuelle (« on entend par probité intellectuelle la vertu de l’homme de science qui allie le souci de la vérité et le courage de s’y tenir. La probité intellectuelle enveloppe une grande honnêteté, le sens austère de la discipline qui fait que parfois il faut accepter de voir remises en cause des idées auxquelles on tenait. [Pour l’homme de science], l faut savoir accepter la sanction des faits, il faut être capable de s’assurer de la validité d’une hypothèse. Il y a donc indéniablement non seulement des aptitudes mais surtout une déontologie de l’esprit scientifique » . C’est à ce niveau qu’on peut évoquer les huit principes déontologiques de Karl Popper : «- Il n’y a d’autorité qu’on doive à tout prix respecter. « -Il est impossible d’éviter les erreurs. « -Il y a des erreurs même dans les théories éprouvées. « -Il ne faut pas camoufler ses erreurs. « -Il faut se mettre à l’école de ses erreurs. « -faire preuve d’autocritique et de vigilance. « -Nous avons besoin des autres, la critique venant d’autrui est une nécessité. « -Faire une critique rationnelle spécifique et ‘ impersonnelle ‘. Bref, le chercheur doit faire preuve d’un esprit scientifique. J’en ai déjà parlé, mais répétons-le : celui-ci se fait voir quand le chercheur manifeste un esprit d’impartialité et met entre parenthèses certains préjugés pouvant constituer un obstacle épistémologique. Il est aussi invité à la fidélité dans la restitution de la pensée des auteurs consultés, à l’honnêteté intellectuelle pour éviter le plagiat, « le fait de s’approprier un travail (texte, image, photo, données) réalisé par quelqu’un d’autre » et la fraude scientifique (qui consiste « à déformer les résultats d’une recherche pour différents motifs : confirmer une hypothèse à laquelle on tient, rendre publiable une recherche qui ne le serait pas, satisfaire les exigences du commanditaire de la recherche, etc. » , falsification des résultats), à cultiver l’esprit critique et autocritique durant sa démarche scientifique et à être ouvert à toute remise en question des résultats de ses recherches. Retenons que la recherche scientifique finit par la production d’un travail qui sera reconnu scientifique par ses pairs ou les chercheurs évoluant dans le même domaine de recherche.  

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