Professeur Abbé Louis Mpala

vendredi 22 février 2008

Le professeur Irung, dans la revue Zaire-Afrique du  novembre 1993, s’est posé la question articulée comme suit : « Quelle démocratie pour l’Afrique » ?  Je sais que toute question est suscitée et déterminée par une situation particulière. Tout le monde est sensé connaître cette situation.  Un peu partout en Afrique on veut la démocratisation, on ne veut plus les dictatures sous toutes leurs formes.

En lisant la question de « Quelle démocratie pour l’AfrIque », je me suis étonné, car les termes sont au singulier. Comment est-ce possible ? Y a-t-il une démocratie pour l’Afrique ? Si l’auteur reconnaît qu’il existe «  ( ) plusieurs modèles démocratiques » (démocratie directe ou représentative, démocratie concordante ou consentante, démocratie gouvernée, démocratie gouvernante à pouvoir clos ou à  pouvoir ouvert, démocratie fondée sur la règle de la majorité, démocratie participative, corporative, néocorporatiste, etc.) (p. 527), doit--il en ajoute une autre ? C’est son droit et il l’a fait. Mais pour l’Afrique faut-il une démocratie au singulier ? L’Afrique elle-même ne renferme-t-elle pas plusieurs afriques au miniscule ? Ne parle-t-on pas de l’Afrique noire, de l’Afrique subsaharienne, de l’Afrique blanche ? Que dire de l’Afrique  magrébine ?  De  quelle Afrique parle l’auteur ? Il ne le dit pas, puisqu’il ne s’est même pas posé cette question

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jeudi 21 février 2008

Le philosophe Mvumbi a toujours voulu répondre à la question qu’il formula clairement et distinctement en 1983 en ces termes : « Qui suis-je, moi qui dis : « Je suis, je pense ? » La réponse vint en la même année : l’homme est un être-donné et un être-à-faire. De tout ce qui précède, le philosophe Mvumbi dira, à qui veut l’entendre, que l’homme a une essence qui le constitue fondamentalement.[1] Laquelle ? L’homme,  répond-il, est un être essentiellement relationnel.[2] Qu’est-ce à dire ? La communication et la relation sont la dimension fondamentale, essentielle de l’être humain.[3] En d’autres termes, « l’homme se révèle comme une personne dirigée vers les autres personnes. »[4]  Ainsi, affirmera le philosophe Mvumbi, le Destin de l’homme est de « tendre vers une rencontre toujours plus réussie avec les autres. »[5] 



[1] Cfr MVUMBI NGOLU-TSASA, Libération et vision de l’homme, dans Philosophie et libération, Kinshasa, 1978, p.119.

[2]  Cfr ID. , De la thanatocratie à l’agapécratie. Pour une société zaïroise fondée sur l’amour , dans Démocratie au Zaïre : quelle démocratie ? dans Usawa 9-16 (1991-1994) p.128

[3]  Cfr ID.,  Libération et vision de l’homme authentique, dans L.c.,.p. 121 et 124.

[4]  ID.,  De la thanatocratie à l’agapécratie, dans L.c.. p. 128.

 

[5]Ib., p.130

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samedi 16 février 2008

Par sources d’information, l’on entend « un ensemble des moyens auxquels recourent les journalistes pour se tenir au courant des événements »[1]. Cette définition a le défaut de concerner les seuls journalistes. Or l’information est recherchée par plusieurs catégories des gens : les chercheurs universitaires, les services secrets, les organismes nationaux et internationaux, etc. Bref, tout celui qui cherche une information.

Les sources n’ont qu’une seule fonction, celle d’informer, de documenter et surtout de permettre la vérification. Cela étant, l’on comprend l’importance des sources. C’es parce qu’elles sont utiles qu’on les consulte. On court après elles, quand elles sont originales et on les protège, parce qu’elles sont efficaces. L’utilité, l’originalité et l’efficacité font des sources des instruments ou des moyens recherchés.



[1] F. BALLE (dir.), Dictionnaire des médias, Paris, 1998, p.235.

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vendredi 15 février 2008

Note Pastorale :

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Carême  2008

 

L’homme a  du prix à mes yeux 

L’homme, tout homme, qui qu’il soit, a de la valeur devant Dieu   parce que créé à son image et sa ressemblance. Mais, que constate-t-on dans le phénomène « mining » ? Nous y trouvons d’abord l’engouement  généralisé vers l’exploitation minière, l’exploitation de l’homme par l’homme, le déséquilibre familial, l’immoralité, la destruction des infrastructures existantes et la pollution de l’environnement, la délocalisation de nombreux villages et cimetières.

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mercredi 13 février 2008

Mabasi, à travers son livre, essaie de répondre à des questions qu'il s'est posées dans l'introduction:

 

"Quelles sont dès lors, les tâches d'une philosophie africaine qui voudrait  pleinement être fille de son temps et assumer les exigences de cet âge de la science? Comment philosopher en Afrique au Seuil du 21è siècle, dans un contexte général où la science est devenue l'axe central de la culture et contrôle désormais l'économie des pays dits développés; un contexte où la recherche scientifique est l'élément intégré du développement                             et du progrès?"[1].  Je me demande si un philosophe  des Grands Lacs, des territoires occupés de la République Démocratique du Congo, de Sierrra leone, de Libéria, de Somalie pourrait se retrouver dans ce questionnement. Comme on peut le deviner, Mabasi est provocateur, et il l'est effectivement. Ne dit-il pas que "la seule prétention [ de ses questions ] est de soulever des interrogations sur ses prises de position qui pourraient paraître à certaines audacieuses [ réductionnistes pour moi Mpala], briser cette espèce de paix incompatible [à ce propos il a raison] avec l'esprit de la philosophie et relancer un débat dont l'absence devient dangereuse pour la vitalité de la philosophie africaine"[2] Ma critique est un débat, quitte à savoir si elle sera pour la vitalité de la philosophie africaine. Au lecteur et à l'homme averti de le dire. Ma réaction prouve que Mabasi a atteint son but, et non le moindre, à savoir susciter le débat. Oui, la philosophie, à mon humble avis, ne se réduit pas à des discussions, mais elle s'en nourrit.

 



[1] F.-B. MABASI BAKABANA, Science et philosophie en Afrique..., Louvain - La - Neuve, 2001, p.8.

[2] - Ib., p.8.

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lundi 11 février 2008

Introduction

 

0.1              Objet du cours

 

L’objet du cours est l’histoire de la philosophie moderne. Cette histoire nous mettra en face des philosophes qui ont une autre problématique que celle du Moyen-Âge. Ainsi nous serons confrontés à un autre mode de philosopher. De ce fait, nous devons faire attention à la pensée de chaque philosophe moderne pour mieux établir ses mérites et ses limites. On n’apprend la philosophie qu’en philosophant, disait si bien E. KANT. Chaque philosophie est une prise de position dans un champ de bataille. Puisqu’il en est ainsi, notre prise de position sera un exercice philosophique.

 

Toutefois, devons-nous faire remarquer, l’Epoque moderne ne constitue pas une rupture brusque avec l’Epoque médiévale. Entre les deux, il y a l’Humanisme et la Renaissance. Et à ce propos, Roger VERNEAUX a raison d’écrire que « la philosophie moderne commence à la Renaissance »[1] .

 

Puisqu’il s’agit d’apprendre en philosophant quels sont nos objectifs pédagogiques ?

 

0.2              . Objectifs pédagogiques

 

[Puisqu’on apprend la philosophie en étant en contact avec les philosophes, après avoir mis les étudiants en dialogue avec les philosophes humanistes et ceux de la Renaissance et de l’Epoque moderne.] A la fin du cours, les étudiants seront capables de :

 

1)                    Etablir que la philosophie moderne plonge ses racines dans la période transitoire appelée « Renaissance » ;

 

2)                    Montrer que chaque Epoque historique a ses problématiques majeures, filles du temps et de l’espace ;

 

3)                    exposer chaque philosophe en ses propres mots tout en respectant son vocabulaire (car chaque philosophe est un personnage à reconnaître par son masque langagier – et en le faisant à partir de sa problématique spécifique) ;

 

4) prendre position face aux différentes doctrines philosophiques [car on n’apprend à philosopher qu’en discutant avec les philosophes. Des Temps modernes soient-ils, les philosophes sont toujours vivants et ils nous parlent à travers leurs écrits] ;

 

Pour réaliser ou atteindre ces différents objectifs, un plan nous est nécessaire. Il se confond avec notre table des matières.

 

L’étudiant aura compris qu’il devra compléter le cours par des lectures personnelles.  

 

 

 

 

 



[1] R. VERNEAUX, Histoire de la philosophie moderne, Paris, 1963, p.7.

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vendredi 8 février 2008

                                Lettre pastorale de Noël 2007

Quoique l’information circule assez difficilement dans le monde rural qui est le nôtre, il est désormais une évidence que le VIH/sida existe bel et bien. Il est loin d’être une invention de l’imaginaire collectif qui ironise à travers les expressions suivantes : « Syndrome inventé pour décourager les amoureux », « Syndrome défini artificiellement » ou « Syndrome de déficience énergétique acquis » ou encore « Salaire insignifiant difficilement acquis », etc. Il cause beaucoup d’ennuis à l’humanité. Il infecte, affecte et tue. Il humilie le genre humain, déstabilise la société et défie la vie humaine, en villes comme dans les villages. Il est présent dans tous les cinq continents du globe. Toutefois, notre continent africain est, hélas, le vivier le plus propice de sa croisade meurtrière. Les statistiques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) renseignent que plus de 70% des personnes touchées sont des Africains et que dans ce continent, c’est surtout par la voie des relations sexuelles que le VIH/sida se transmet. Nombreux sont des veufs, veuves et orphelins rendus tels par la mort causée par ce tragique fléau.  Il est attesté que la jeunesse, « cuvette de l’espoir » (15 à 45 ans) est la couche sociale la plus touchée.

 

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jeudi 7 février 2008

     L'origine, la source d'où jaillit constamment l'impulsion à philosopher, se trouve dans l'homme[1].

     De ce fait, la philosophie n'est pas née en Grèce, encore moins en Egypte.

AVANT – PROPOS

 

         D'aucuns se poseront la question de savoir si cette Introduction à la philosophie vaut la peine aussi longtemps qu'il existe une multitude d'introductions à la philosophie.  A ceux-là nous répondrions que chaque Introduction à la philosophie, n'étant pas neutre, expose la conception philosophique de chaque auteur ou de chaque philosophe.  Et Martin HEIDEGGER a raison de faire remarquer qu' « on reconnaît un philosophe à sa manière d'introduire à la philosophie"[1].  Pourquoi?  Parlant d'un lieu théorique et pratique donné comme le dirait Louis ALTHUSSER, chaque auteur d'une introduction à la philosophie introduira à la philosophie telle qu'il la comprend et la juge selon son milieu, pour ne pas dire son école.  Dans son introduction, il y imprimera ses convictions philosophiques ou ses thèses.  S'il est partisan de l'origine grecque de la philosophie, il écartera les autres peuples du "royaume de la Raison et de la pensée".  C'est l'Ethnocentrisme.  Ce que nous disons d'autres auteurs nous concerne aussi.  Il suffit de lire notre Introduction à la philosophie pour savoir de quel côté nous sommes, car à la suite d'Emmanuel KANT et de Louis ALTHUSSER, nous considérons la philosophie - surtout la philosophie académique – comme un champ de bataille (Kampfplatz) où chacun doit prendre position, et jean PIAGET renchérira en disant que cette prise de position doit être raisonnée.



[1] M.HEIDEGGER cité dans Dictionnaire des philosophes, Paris, 1998, p.7.



[1] L. FREUND, dans sa philosophie philosophique, est du même avis. Pour lui aussi, la philosophie est née là où se trouvent des hommes.

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vendredi 1 février 2008

L'éducation est une action dans la mesure où elle a comme but de faire venir à la lumière ce qu'il y a de meilleur dans l'être humain. En d'autres mots, une vraie éducation est aussi conscientisation. Education et conscientisation sont les deux faces d'une même monnaie.

 

            Pour que cette action réussisse, une certaine méthode s'avère indispensable. Pour notre cas, la  parémiologie  comme méthode s'impose. Celle-ci s'appuie sur l'usage des analogies. Cet usage appelle à voir ensemble ce qui se passe dans le monde inorganique, végétal, animal et humain; cet appel à voir ensemble invite à  juger ensemble et pousse à  retenir pour agir. Cette méthode complète celle de l'Abbé Cardijn se résumant en un slogan "voir -juger-agir"[1].



[1] OLES A MBA, Conscientiser un peuple, comment faire? Kinshasa, Baobab, 1995, p. 39

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Par ailleurs, je dois faire remarquer que Georges GURVITCH a eu le courage de critiquer la dialectique de Marx sans l’avoir dépassée, dois-je ajouter. A mon humble avis, il a mal compris Marx-Engels, et en excluant de la Nature et de la pensée la Dialectique[1], il la prend en otage et ipso facto, le débat-dialogue est supprimé, car c’est à ce niveau que la Dialectique retrouve son sens même étymologique, celui « à travers le discours », donc le DIALOGUE. Si les disciples de G. Gurvitch veulent réagir, je les invite à un débat-contradictoire. Je suis prêt à démontrer qu’il a mal compris Marx et qu’il ne l’a pas dépassé. Qu’on se réfère, en attendant, à mon livre La Dialectique : de Héraclite d’Ephèse à Georges Gurvitch. La Dialectique de Marx a un fondement matérialiste, d’après Marx lui-même et si l’on ne connaît pas la QUINTESSENCE du matérialisme dialectique, il y a de quoi induire en erreur tout étudiant sans documentation sur la méthode dialectique.



[1] Il écrit : « Elle (la dialectique) ne peut être projetée ni dans l’esprit, ni dans la nature » (Dialectique et sociologie, Paris, Flammarion, 1962, p.22). Jean-Paul SARTRE n’a-t-il pas raison d’appeler Néo-positivisme et Dialectique son Hyper-Empirisme ? (Critique de la raison dialectique, Paris, Gallimard, 1960, p. 117).

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L’abbé Louis Mpala en appelle pratiquement à un réveil de conscience pour que les filles et fils de ce pays se rendent que, hier, au temps de la colonisation, comme aujourd’hui encore, en cette fin de millénaire, la hardiesse de l’Occident n’a point fléchi et affirme toujours davantage ses méthodes d’exploitation et sa félinité en matière de politique à l’égard des pays en voie de développement. Il leur appartient de ne jamais l’oublier, d’ouvrir l’oeil et le bon, de mettre en place les stratégies efficaces de protection et de défense et surtout de changer radicalement d’esprit dans le sens d’un développement unitaire à notre taille. Ainsi on pourra déjouer les manœuvres de l’ennemi qui est plus que déterminé, malgré les apparences, à nous en faire baver. Hier, un prêtre – P. Tempels – s’était scandalisé de l’esprit  de colonisation, qui ne visait pas une véritable rencontre des cultures, susceptible de conduire à un échange mutuellement avantageux, de sagesse à sagesse, aujourd’hui, un prêtre encore – Louis Mpala-, comme tant d’autres, dénonce cet esprit et invite à la mobilisation. Notre salut, face à l’Occident, n’est ni dans la rupture d’avec lui, ni dans la résignation devant ses manœuvres.

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Pr E. Banywesize vient de publier un livre sur Edgar Morin : http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=24655

Ceux qui se plaisent aux violences et à la guerre répètent aux fantassins qu’il ne suffit pas d’être suréquipé militairement pour remporter une guerre, il faut avoir aussi la volonté de se battre et se battre avec volonté. Est-ce à dire qu’à défaut d’avoir les moyens de sa politique, il importe de savoir faire à la politique de ses maigres moyens ? En divorçant d’avec les discours plaintifs, le centre universitaire qui offre ici son premier numéro de revue scientifique nous invite à méditer cet aphorisme : la crise est inventive. La jeunesse et la situation matérielle du centre universitaire de Kasumbalesa contraste aujourd’hui avec perspicacité, la richesse et la diversité des articles servis dans cette livraison. Encore est-il que les matières qui se croisent en ce numéro s’origine dans diverses crises et sont circonscrites par l’esprit du temps de leurs prétextes. Autant dire que les cinq textes sont donnés avec toutes leurs prémices et toutes leurs prémisses.

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