Le titre lui-même fait problème. De quel philosophe africain s’agit-il ? Est-il autonome ou dépendant ? De quelle société est-il une conscience ? Ces différentes questions font voir que Nketo ne s’est pas posé des questions sur la formation de son philosophe africain et il n’a même pas voulu savoir la vraie nature de la société dont il veut parler. Gramsci a consacré tout un écrit sur Les intellectuels et leur formation. Il n’est aucun doute que nos sociétés africaines sont en général capitalistes. C’est leur mode de production. Ainsi nous avons des classes sociales. C’est à ce niveau qu’il faut situer le philosophe africain. A quelle classe appartient-il ? Il sera alors conscience de sa classe et non de la société. Gramsci nous enseigne que chaque groupe social crée des intellectuels à qui il confie une conscience de sa propre fonction du point de vue économique, social et politique. Tout philosophe, dans sa classe, devient un intellectuel organique. Si notre remarque est bien comprise, l’on s’interdira de maudire les grands professeurs des universités qui sont devenus les conseillers des gouvernements décriés. Voilà pourquoi l’on doit retenir comme acquis le dire d’Althusser qui s’énonce ainsi : « La philosophie est, en dernière instance, lutte des classes dans la théorie »[1]


[1] ALTHUSSER, L., Réponse à John Lewis, Paris, 1973, p. 11          

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