l’on comprendra que l’Etat a des nouveaux rôles en tant qu’acteur de la mondialisation. C’est l’Etat qui décide de son intégration ou non intégration dans l’économie mondiale ; il reste toujours l’acteur clé en politique (relation internationale) et même des institutions comme FMI, BM, ONG, G8 et G20 sont ses émanations et la mondialisation a besoin de l’Etat pour se réaliser. L’Etat demeure toujours le but recherché par des nombreux peuples à travers le monde (Cfr. les immigrations), l’Etat tire parti de la mondialisation pour mieux se développer (ainsi, il s’adapte à la mondialisation) et il le fait volontairement. L’Etat, à travers ses dirigeants qui voyagent avec leurs investisseurs, propage et encourage  la mondialisation.

 

 

 

 

MONDIALISATION, ENTREPRISES ET SOUVERAINETE DE L’ETAT

Professeur Abbé Louis MPALA Mbabula

Université de Lubumbashi

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

INTRODUCTION

 

    Notre réflexion  a pour titre Mondialisation, entreprises et souveraineté de l’Etat. Notre thèse à soutenir s’énonce  en cette proposition : la mondialisation, par les entreprises transnationales comme un de ses acteurs, remet perpétuellement en cause la souveraineté de l’Etat. Pour bien soutenir cette thèse, notre argumentation se fera en deux parties. La première se donnera pour tâche celle de définir la mondialisation, de présenter ses acteurs et de révéler son idéologie. La deuxième et dernière partie fera voir comment la souveraineté de l’Etat est malmenée et ce, grâce ou à cause du paradigme néolibéral. De ce dernier on soupçonnera que nous parlerons de la mondialisation néolibérale.

1.  DE LA DEFINITION DE LA MONDIALISATION NEOLIBERALE, DE SES ACTEURS ET DE SON IDEOLOGIE

 

La mondialisation  fait parler d’elle et ce, dans tous les domaines du savoir. Et  pourtant, sa compréhension ne fait pas l’unanimité. Si cette dernière pourrait être retrouvée, l’énumération de ses acteurs pose problème pour la simple raison que chaque spécialiste n’en voit que certains et tombe dans le réductionnisme. Si l’on parvenait à bien énumérer les acteurs, les cordes ne s’accordent pas quant à ce qui concerne son idéologie. En a-t-elle une réellement ?

Cette  partie de notre réflexion, comme on peut le deviner, tentera de définir la mondialisation, d’énumérer ses acteurs tout en révélant son idéologie. Nous sommes conscient que le travail ne sera pas facile.


 

1.1.     De la définition de la mondialisation néolibérale

La mondialisation est  un concept nébuleux et chaque auteur en  a sa propre définition. Les uns la définissent en mettant l’accent sur l’accroissement des transactions commerciales et financières, transfrontalières, en insistant sur l’ouverture des frontières économiques et de déréglementations, en insistant sur des stratégies économiques de décideurs ou dirigeants d’entreprises privées, en indiquant l’évolution du marché ; d’autres en  pointant l’interdépendance entre le marché,  la libre circulation des biens, des services, des capitaux, des hommes et des idées entre tous les pays. Ceci étant, l’on ne peut que donner une tentative de définition. A notre humble avis,  pour parler de la mondialisation on doit avant tout cibler l’élément dominant qui n’est rien d’autre que  des transformations économiques[1]. Celles-ci ont mis  en déroute le système mondial ancien pour en créer un autre, dont les grandes lignes sont les suivantes :

-le système mis en vigueur après la seconde guerre mondiale est remplacé par un modèle à pole unique (i.e. il n’y a plus deux blocs : OTAN et Pacte de Varsovie). C’est la fin de la troisième guerre mondiale, guerre froide ;

-il y a omniprésence et domination du  capitalisme néolibéral ;

-on constate une mobilité croissante et un renforcement de l’emprise des entreprises transnationales ;

-prédominance du capital financier de plus en plus mobile, décentré et transnational, et ce, grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC en sigle).

Le second critère est technologique. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont fait de notre monde un village planétaire. Ainsi, les notions de temps et de l’espace ont changé de signification. Nous sommes à la fois contemporains, plus proches les uns des autres et plus lointains les uns des autres. Voilà un paradoxe. Nous sommes au courant, et ce, à la minute, de tout ce qui se passe ailleurs, et au même moment nous ne connaissons pas le nom de notre voisin.

Le troisième critère est  d’ordre politique. La mondialisation n’est pas naturelle comme la pluie. Elle relève d’un choix. Les Etats ont choisi et propagé  l’idéologie néolibérale. Celle-ci, dans ses grandes lignes tracées par Friedrich August Von  HAYEK, se pose en s’opposant à l’interventionnisme étatique et à l’Etat social, le Welfare State ou l’Etat providence. L’idéologie néolibérale fait du  marché le seul maître : il est l’instance de régulation politique et sociale. Il est vu comme  seule source de bonheur. Considéré comme une panacée au détriment de l’Etat et de ses fonctions essentielles, le marché est au-dessus de tout et la richesse, ipso facto, est placée au-dessus des hommes. En effet, l’économisme et l’utilitarisme sont les deux philosophies qui sous-tendent le néolibéralisme.

De ce qui précède, notre essai de définition de la mondialisation se formule en ces termes :   la  Mondialisation  est  l’ « accroissement massif de l’interdépendance ». Il y a plusieurs interdépendances dont cinq retiennent notre attention :

         -interdépendance de la production : cette interdépendance se fait par les marchés entraînant la disparition des frontières géographiques, l’abaissement des barrières tarifaires et non tarifaires et délocalisation.

         -interdépendance des échanges et du commerce : elle conduit à l’intégration mondiale,  à la libéralisation, à la déréglementation des marchés nationaux, au désengagement de l’Etat, à la restructuration de l’Etat-Providence et à l’innovation dans la technologie de l’information et de la communication.

         -Interdépendance des marchés financiers : elle entraîne l’interconnexion des places financières mondiales fonctionnant 24H sur 24H grâce à la conjugaison de trois éléments, à savoir la  déréglementation, le décloisonnement  des marchés et la désintermédiation. Ainsi on parle de 3 D.

         -interdépendance des technologies de l’information et de la communication : ce qui entraîne la mobilité et la flexibilité des capitaux, des biens, des services et des personnes.

         -interdépendance des cultures et des personnes : il y a échange des travailleurs, des éléments des cultures et il y a la création du tourisme scientifique et sexuel, et il y a aussi l’échange des terroristes, etc.

         De cet essai de définition, on relèvera des caractéristiques suivantes :

«  « Interdépendance ». Par l’effet de l’échange et de la diffusion de l’information, les activités sociales, politiques et économiques  transcendent les frontières nationales de telle sorte que les événements, décisions et activités situés à n’importe quel endroit dans le monde peuvent affecter les individus et les communautés en tout point du globe.

«  Effacement des frontières nationales ». La frontière entre ce qui est local et ce qui est global devient de plus en plus floue. Il est par conséquent plus difficile de distinguer ce qui est « interne » de ce qui est « externe ».

«  Conflit de souveraineté ». L’interdépendance croissante génère de plus en plus de problèmes transnationaux mettant en question la souveraineté nationale. Ces questions ne peuvent être résolues que par la voie du multilatéralisme intergouvernemental.

«  Complexité systémique ». L’augmentation du nombre d’auteurs et des liens entre eux entraîne une intensification et une complexification du système mondial et génère une contrainte systémique sur leurs activités et leur autonomie »[2].

         Cet essai de définition est incompréhensible  si un aperçu historique sur le « séisme économico-politique »  n’est pas donné.

1.1.1.De la Révolution conservatrice (Margaret Thatcher-Ronald Reagan) et de la disparition de l’URSS

En effet, l’arrivée de Margaret Thatcher (mai 1979-décembre1990 : règne politique) en mai 1979 et de celle de Ronald Reagan en 1981 constitue ce que Christophe Aguiton appelle la Révolution  conservatrice[3] et il y eut  un  virage brutal. Margaret Thatcher[4], partisane des thèses néolibérales, s’affronta directement avec le monde du travail  et fut totalement intransigeante face aux mineurs en grève[5]. Elle remit en cause la protection sociale et appliqua la limitation des droits syndicaux. A qui voulait l’entendre, elle disait qu’il n’y avait pas d’autre système économique que le capitalisme néolibéral. C’est le «  There is no Altenative » (TINA en sigle). Ronald Reagan, de sa part, mettra en pratique certaines recommandations de la « Heritage Foundation » dont la baisse des impôts,  la  déréglementation,  la réduction des dépenses sociales et on y propose aussi une politique agressive vis-à-vis de l’ennemi numéro un de l’époque, à savoir l’URSS[6].

Le capitalisme, comme le souligne Michel Albert, était entré dans son troisième âge et l’époque historique est devenue celle « du capitalisme à la place de l’Etat ».[7] C’est durant ce troisième âge que nous devons signaler le passage de la mondialisation comme phénomène ancien à la mondialisation comme concept nouveau.

En effet, c’est en 1983 que Théodore Levitt introduit le terme anglais globalization qui sera traduit en français par le concept mondialisation[8]. « Dans un article de la revue Harvard Business Review, [cet] économiste désignait [par mondialisation] la convergence des marchés pour les produits des grandes firmes multinationales ».[9] C’est en 1990 que le terme a été popularisé par Kenichi Ohmae dans son ouvrage intitulé The Bordless Word ; Power and Strategy in the Interlinked.[10]  A  travers   le concept de mondialisation, il indiquait une nouvelle étape dans le développement des multinationales.

Toujours du point de vue politique, nous devons parler des événements des années 90. De fait, entre 1989 et 1991, un séisme politique a secoué le bloc Est dirigé par l’ex URSS. Le 9 novembre  1989[11], le Mur de Berlin s’écroula.

Par  ailleurs, l’arrivée  de Mikhaïl Gorbatchev à la tête de l’URSS  en 1985 est une  donne  importante.  Gorbatchev  a fait   un  diagnostic impitoyable de  l’état  de la  société  soviétique : « Mikhaïl Gorbatchev  regrette : la mentalité  d’assistés (ijdivenstvo) qu’il  décèle  chez  ses  concitoyens  et  dont  les  conséquences  sont  néfastes  sur tous  les plans, la  coupure  croissante  entre la  société  et le parti  et la  faiblesse  structurelle de l ‘économie, de plus  en plus  visible et problématique ».[12]

De ce  fait, Mikhaïl Gorbatchev  passera  aux  réformes  et deux  mots-clés  seront  lancés : GLASNOST ( pour la réforme politique) (= « publicité » dans le sens de rendre public quelque chose de connu- exemple, « fustiger publiquement l’ivrognerie, la gabegie, l’indiscipline, l’indifférence….[La glasnot] est,  en définitive, la parole mise au service de l’action politique du pouvoir »[13]  conduisant à la transparence). Le second  mot-clé  est Perestroïka (pour la réforme radicale de l’économie) (= « restructuration », du titre  de l’ouvrage de Mikhaïl Gorbatchev[14]). « C’est le nom donné à l’ensemble des réformes devant concilier, à ses yeux [Mikhaïl Gorbatchev], socialisme  et  démocratie.  Concrètement, il s’agit  sur le plan économique de permettre une accélération (Ouskoreni) de la croissance.  Au plan politique, il faut   construire, un Etat de Droit  et rendre  l’appareil  d’Etat  plus  autonome  de  celui  du parti ».[15]

 Pour Mikhaïl Gorbatchev, la Perestroïka,  a un but : la  consolidation  du régime  communiste. Glasnost et Perestroïka  sont des  « références  dictées  par l’évolution  de la société  et indispensables, dans  l’esprit  de Mikhaïl Gorbatchev, au maintien  du  communisme. Tel  est bien  le but  ultime ».[16]  En effet, avec Mikhaïl Gorbatchev, des  changements  concrets  se manifesteront: libéralisation des médias,  achèvement de la déstalinisation , rappel officiel  de son  exil de  A. Sakharov en  décembre  1986 , libération de « faux » malades  mentaux  et de certains  prisonniers  politiques,  et ce,  dans la  ligne   du XXe  congrès . La loi du  30  janvier  1987 est promulguée  pour  permettre  aux particuliers  de faire  un recours   juridique  contre  les  actes illégaux des  fonctionnaires.  Ainsi, on parla de la « légalité  socialiste ».[17]  Il y a, sur  le plan économique, une  décentralisation  assurant  une  autonomie plus large  aux entreprises  et par  sa philosophie   de « rapprocher l’homme  de la propriété », Mikhaïl Gorbatchev  fit louer « la terre  aux paysans  sous  forme  de contrat de sous-traitance  familiale »[18].

Mikhaïl Gorbatchev rencontra  des obstacles  sur  son  chemin  des réformes : refus de  la Nomenklatura , la  catastrophe de  Tchernobyl  ( 26 avril 1986 ) , les  revendications  nationalistes . A  dire  vrai, la « ruse » de l’histoire  était  au travail  et n’a  pas  permis  à Mikhaïl Gorbatchev de voir  que  les  changements  et les  réformes  mettaient  en péril  l’existence  même  du  régime. 

Le 06 novembre 1991, on vit le PC de Russie s’autodissoudre. Il fallait s’y  attendre : la  disparition  du parti communiste  entraîna  celle  de l’URSS.  Cette  disparition  fut  proclamée le 08 décembre 1991 par les  signataires de la  communauté des Etats Indépendants (CEI).  Le  25  décembre 1991 , Mikhaïl Gorbatchev  annonça  sa démission à la  télévision en déclarant : « La  ligne  du démembrement  du pays et  de la  dislocation de l’Etat  a gagné, ce  que  je ne  peux  pas accepter » [19]. La  volonté  de Mikhaïl Gorbatchev n’a pas  eu raison de la « marche » de l’histoire.

Signalons, par ailleurs,  la  Guerre  du Golf  dont le nom de code  donné par la coalition fut  « tempête  du désert ».  Cette guerre , du fait  qu’elle  a eu lieu  en 1991, période  de l’implosion de l’URSS, donna  lieu  à un  Nouvel  Ordre   Mondial [20] de  facto.  La guerre  froide  venait de prendre  fin.  Seuls les  Etats-Unis  s’imposaient.

On comprend  le sens  d’être  de la  Révolution  Conservatrice préparée  par F.A.  Von  Hayek  et sa  société, et  réalisée  par  Margaret  Tchatcher  et Ronald Reagan, tous  deux  épaulés,  peut-être malgré lui,  par Mikhaïl Gorbatchev.

Retenons que c’est à la fin des années 80   que  le  Consensus  de Washington[21], promu par le FMI et la BM,  vit le jour.

1.1.2. Du Consensus de Washington

Le Consensus de Washington nous renvoie à un  document de référence énumérant  dix  références  qui  étaient,  selon John Williamson[22],  considérées  par tous à  Washington comme  nécessaires au développement de l’ Amérique  latine[23] , aux pays du Sud et de l’Est pour superviser la transition vers l’économie de marché. Soulignons, par ailleurs, que la BM et le FMI subordonnèrent leurs prêts à l’adoption de ce Consensus ou mieux ils conditionnèrent leurs prêts que si un pays adopte une politique inspirée de ce Consensus, car ce dernier est devenu « le cadre de référence unique des politiques internationales de financement du développement »[24]  dans les politiques  d’ajustement structurel[25]. John Williamson  a baptisé  ce programme  de réformes  du nom de « Consensus de Washington ».   Les dix  réformes  préconisées  sont :

« 1. Discipline budgétaire. Dans  presque  tous les pays  d’Amérique  latine, les  déficits  budgétaires  étaient   considérables,  entraînant  des crises  de la  balance  des paiements, et  l’inflation  élevée pénalisait  surtout  les  pauvres, car les  riches pouvaient  transférer leur argent à l’étranger.

2. Redéfinitions des  priorités  en matière  de dépenses  publiques : il  s’agissait de réorienter les  dépenses  au profit  de la croissance  et des pauvres, en abandonnant  les aides  discrétionnaires, e.g., au profit des soins  de santé  de base, de  l’éducation  et des   infrastructures.

3. Réforme  fiscale : l’objectif  était  d’établir  un régime   combinant une large  assiette  fiscale  et des  taux  d’imposition  marginaux  modérés. 

4. Libéralisation des  taux  d’intérêts(…).

 5. Taux  de  change compétitif (…), c’est-à-dire de régimes de  change intermédiaires.[A Washington, on  privilégiait] la doctrine  selon  laquelle un  taux de  change  doit  soit être  fixe, soit  flotter   sans  soutien..

6. Libéralisation  du commerce : (…) il était  admis  par tous  qu’il  fallait  effectivement  s’engager  sur  cette  voie.

7. Libéralisation des investissements directs  en provenance  de l’étranger (…).

8. Privatisation (…).

9. Déréglementation : il  s’agissait  en particulier  d’assouplir  les  barrières  à l’entrée  et à la sortie  des  marchés(…).

10. Droits  de propriété : l’objectif  premier  était  de donner   au secteur  informel  la possibilité  d’obtenir  des droits  de propriété  à un coût  acceptable »[26].  Ce  programme  a été  appliqué ailleurs  comme  recette  au grand  dam de John Williamson.  Ainsi, ce  document  a  déclenché un « mouvement historique » faisant  de notre  histoire une scène colorée de l’économisme, car il se fonde sur un postulat selon lequel « la libéralisation des marchés garantit une allocation optimale des capitaux internationaux. Ces mesures visaient simultanément le désendettement et le décollage socio-économique des pays en développement, en réduisant leurs dépenses et en les intégrant au marché mondial »[27]

Faisons savoir  que la mondialisation a ses acteurs, à savoir les firmes multinationales, les marchés financiers (3D : Déréglementation, des intermédiations, décloisonnement), les O.N.G., la société civile et les Etats.

1.2.   Des acteurs de la mondialisation

« Est acteur, nous dit Philippe Moreau Defarges, toute entité - individu mais aussi entreprise, église, Etat…- élaborant, exprimant et traduisant en actes des intentions »[28]. Sans acteurs élaborant, exprimant et traduisant en actes des intentions, point de mondialisation ; cependant les différents acteurs de la mondialisation ont une importance et un rôle différents.  

Sachant que la mondialisation néolibérale relève d’un choix, il nous paraît juste de citer l’Etat comme premier acteur. Ce sont les Etats qui décident d’opter pour la politique du Consensus de Washington , qui aménagent le « terrain » pour bien accueillir les Investissements directs étrangers , qui négocient avec les autres Etats ou Firmes transnationales dans le cadre du marché mondial, qui réglementent en déréglementant le commerce et en libéralisant les échanges et qui « encadrent » la mondialisation en la protégeant contre ses détracteurs. Il y va de son image de marque. Comme on le voit, l’Etat existe toujours et joue son rôle en s’ « adaptant » à la mondialisation néolibérale. En effet, cette dernière reformule le rôle de l’Etat[29]

Les Firmes transnationales (FTN) et les Firmes multinationales (FMN) sont des acteurs incontournables. Leur nombre augmente et leurs chiffres d’affaires sont  souvent supérieurs au PIB de certains pays en voie de développement. Elles diffusent la mondialisation néolibérale, organisent la division internationale du travail  grâce à la délocalisation et ce, en exploitant « les avantages comparatifs dont chaque pays dispose »[30]. De ce fait, elles intègrent ces nouveaux territoires (lieux où elles se localisent) dans l’économie mondiale.

Les Organisations internationales, en l’occurrence le FMI, la Banque mondiale, l’OMC, et l’ONU, jouent un grand rôle dans l’implantation de la mondialisation néolibérale en élaborant un droit international auquel les Etats et les FTN/FMN doivent se conformer, en réglant les conflits économiques, politiques et armés, en fixant les règles de jeu, en conditionnant les aides financières, etc.

Les Organisations régionales dont l’UE, l’UA, l’Alena, le Mercosur, l’OTAN, la SADC, etc. ne sont pas du reste, car, économiquement, elles favorisent les échanges entre membres et les protègent ; politiquement, elles interviennent et militairement, elles s’interposent et frappent. Elles constituent des alliances.

Les Investisseurs privés et publics sont actifs du fait qu’ils investissent dans le monde entier et génèrent des fonds. Ainsi ils sont à la base des flux des capitaux par des investissements directs étrangers et par des investissements financiers qui sont volatils.

Les Villes et Mégalopoles sont aussi des actrices de la mondialisation. Centres de décisions et de concentration des pouvoirs économiques et politiques, les grandes villes sont, à dire vrai, des territoires de compétition émettant la politique de localisation, de délocalisation et programmant la concurrence. C’est là que sont mises en œuvre les logiques de la mondialisation néolibérale. Par ailleurs, ces villes, dans le cadre de la mondialisation, fonctionnent en réseaux entre elles. Dans les espaces de la Triade[31] (Etats-Unis, Europe et Japon) et de la Chine  se trouvent les principales mégalopoles (New-York, Londres, Paris, Tokyo, Pékin). A côté des mégalopoles, nous avons d’autres lieux intégrés à la mondialisation comme les petites villes périphériques du Sud ayant des matières premières et une main d’œuvre abondante bon marché et souvent, ils sont spécialisés dans la sous-traitance.

Ajoutons à cette liste des lieux intégrés à la  mondialisation, des lieux dont les atouts sont spécifiques et reconnus comme des enclaves de tolérance où manquent de taxes, d’impôt. Ce sont des paradis fiscaux  comme la Suisse et des « places off-shore », des îles comme l’île de Man, les îles Caïmans et les Bahamas aux Antilles.

Les Individus sont des acteurs incontournables. Non seulement ils sont consommateurs des produits de la mondialisation et connaissent une nouvelle division internationale du travail, puisqu’ils sont des travailleurs, mais aussi ils subissent les effets de la mondialisation et voyagent beaucoup suite aux migrations de travail. La diaspora vit en fonction des membres de familles restés dans les pays d’origine ; les sans-papiers restent toujours connectés à leurs milieux d’origine. Ce sont les vrais apatrides. Citons aussi les migrations saisonnières avec les touristes. Ainsi nous aurons le tourisme sexuel, culturel, religieux, celui d’affaires et de congrès, sans oublier le tourisme sportif et exotique. Il y a des flux d’individus.

Les ONG (comme Amnesty International, Médecins sans frontières) sont des actrices de la mondialisation de par leur mobilisation des opinions, leur intervention sur les lieux des conflits et des épidémies, leur aide au développement, leur mise en question et en cause de la mondialisation.

N’oublions pas les Contre-pouvoirs comme l’Altermondialisme, les syndicats, les médias, les associations religieuses et de jeunesse, etc. Ils dénoncent la mondialisation sauvage, luttent pour protéger leurs membres et leurs intérêts et contestent les politiques économique et politique de leurs pays, etc.

1.3. De l’Idéologie de la mondialisation néolibérale

Le néolibéralisme relève d’un choix ou d’une « fabrication du consensus » comme l’aurait dit Chomsky et n’est pas naturel comme la pluie. Né après la seconde guerre mondiale en Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord, le néolibéralisme se pose en s’opposant théoriquement et politiquement à l’interventionnisme étatique et à l’Etat social, le Welfare State.

Nous partageons l’idée de Perry Anderson, selon laquelle  le livre de Friedrich August  Von  Hayek[32], The Road to serfdom (traduit par La route de la servitude), publié en 1944, constitue, en quelque sorte, « la charte  fondatrice du néolibéralisme. Une attaque passionnée contre toute limitation par l’Etat du libre fonctionnement des mécanismes du marché y est développée. Ces entraves sont dénoncées, car elles contiennent, à son avis, une menace mortelle contre la liberté économique mais aussi politique »[33]

Le nom de F.A Von Hayek reste lié au néolibéralisme pour son rôle imposant[34]. Fondée la société du Mont Pèlerin, une sorte de franc- maçonnerie néolibérale, bien organisée et consacrée à la divulgation des  thèses néolibérales, avec des réunions internationales, régulières  [35].

En effet, pendant que Hayek et ses compagnons réfléchissent pour l’instauration d’un nouveau capitalisme dur et libéré de toute règle, l’Occident (Europe de l’Ouest et l’Amérique du Nord) vit le triomphe de l’Etat-Providence. C’est ainsi que l’on parle de « Trente Glorieuses », la période allant de 1945-1973. Ces trente années sont celles de l’expansion économique et du bien être social[36]. Hayek et la société du Mont Pèlerin lèveront des boucliers et fustigeront cet Etat-Providence.

Leurs thèses néolibérales s’énoncent sous forme des principes, mots d’ordre, hymne, etc. Le principe des principes  est celui qui fait du  MARCHE le seul maître[37] . Il y a l’apologie du Marché  appréhendé « comme une instance de régulation politique et sociale »[38]. Autrement dit, ce n’est plus l’Etat qui  joue le rôle de régulation politique et sociale.  Seul le Marché est vu comme source de bonheur. En d’autres mots, « ouvrez, privatisez, et  le marché fera votre bonheur ». Considéré comme une panacée au détriment de l’Etat et de ses fonctions essentielles, le marché est au-dessus de tout et la richesse, ipso facto, est placée au dessus des hommes.

L’économisme et l’utilitarisme sont les deux philosophies qui sous-tendent le néolibéralisme. De ce fait, le libre échange est l’unique voie de la croissance et de la prospérité, et est bon tout ce qui le favorise, mauvais tout ce qui le contrarie. Alors le Marché est bon et l’Etat est mauvais. Ce dernier, par la protection sociale,  encourage la paresse au lieu de stimuler l’initiative privée, individuelle qui doit être estimée valorisante pour la personne humaine. Par l’impôt, la justice sociale et la fiscalité, l’Etat décourage les individus les plus audacieux. C’est  pourquoi « il faut  déréglementer, faire reculer l’Etat, réduire son champ de compétence et surtout le mettre au service des investisseurs privés »[39]. D’où l’hymne du néolibéralisme : «  Moins d’Etat, peu d’Etat, pas d’Etat, chacun pour soi et le marché pour tous ». Ainsi, le mot d’ordre est clair : « Remplacer la politique et l’Etat par l’Economie ». Dans cette logique, il faut suivre l’ordre du Marché, contenir le pouvoir, détrôner la politique et considérer la justice sociale comme un concept inutile et nuisible. Au contraire, il faut accorder le primat au Marché et au libre échange,  encourager la concurrence pour une bonne maximisation (profit, rentabilité, satisfaction) et ainsi provoquer la croissance. Par ailleurs, les « prophètes »[40] du néolibéralisme, Hayek, Friedman[41], Mises, Murray, enseignent la convergence des intérêts contradictoires s’annulant dans le marché jouant le rôle d’autorégulateur. Cet enseignement se base sur un postulat métaphysique de l’harmonie naturelle des intérêts[42].

2.   DU PARADIGME DE LA MONDIALISATION NEOLIBERALE  FACE A LA SOUVERAINETE DE L’ETAT[43]

 

Cette deuxième partie de la  réflexion  présentera le paradigme de la mondialisation néolibérale  et de ce fait, nous révélerons comment la souveraineté de l’Etat est entamée par la pratique des entreprises transnationales et multinationales.

2.1.   Du paradigme de la mondialisation néolibérale

Le  paradigme de la mondialisation néolibérale, comme pour  tout paradigme  selon la définition morinienne,  contient, pour  tous  discours s’effectuant  sous son  empire, les  concepts fondamentaux ou les  catégories  maîtresses  de l’intelligibilité en même  temps  que  le type  de relations  logiques entre  ces  concepts  ou catégories[44].

Ce paradigme néolibéral a  des concepts  fondamentaux  ou des  catégories  maîtresses de l’intelligibilité de la  pratique  économico-socio-politique de notre  époque  historique.  Nous  pouvons en citer quelques  uns : délocalisation, déréglementation, décloisonnement, discipline budgétaire, réforme fiscale, Etat  minimal, libéralisation, investissement direct  d’étranger (IDE),  firme  transnationale,  globalisation réelle, globalisation  financière, marché régulateur, taux de change  compétitif, compétitivité,  rentabilité financière[45], privatisation,  dumping, euro-dollar, restructuration,   spéculation financière, taux  flottant,  marchés organisés, production internationale, approvisionnement  international, commerce  intra entreprise, etc.

Avec cette  batterie  conceptuelle, le paradigme néolibéral ou le  mondialisme  joue  le rôle  sémantique, celui d’offrir un cadre  d’intelligibilité  et donne  sens  au capitalisme  néolibéral.  Son rôle logique n’est  pas  à démontrer, car il  saute  aux yeux.  De   par  sa logique, ce paradigme  détermine  des opérations  maîtresses et la  plus importante  est celle  d’exclusion-inclusion.  Les firmes transnationales  excluent  l’Etat-Providence, le  diabolisent et le  traduisent  devant  la « justice » de l’OMC, l’ORD.   Elles incluent l’Etat  quand elles  ont  besoin  de lui pour  la privatisation, pour briser le pouvoir des  syndicats  et des  mouvements ouvriers, pour  réprimer  toute  manifestation  anti ou altermondialiste.  Elles incluent aussi  l’Etat  quand celui-ci accepte  d’être minimal en laissant  la régulation  au marché lui-même.  Cela fait  jouer  au mondialisme son rôle idéologique.  Celui-ci consiste à  déterminer   nos idées, et de ce  fait,  nos  comportements pour nous  adapter  au rythme  néolibéral. 

Nous  pensons plus à l’Avoir qu’à l’Etre. L’homme, par  ce rôle idéologique, est devenu  homo oeconomicus, laborans et  consumans ou mieux un « capital humain ».

 Comme  tout  paradigme, le mondialisme est non falsifiable.  Il  est à l’abri de toute  infirmations-vérification  empirique.  Seules les  pratiques  politico-économiques (ex : la privatisation, la  destruction écologique dans l’exploitation des  ressources  naturelles, etc.) se  réclamant de lui  sont  falsifiables et décriées.   Par ailleurs, ce paradigme  néolibéral dispose du principe d’autorité  axiomatique  et il est  fondateur  des  axiomes, dont « il n’y a pas  d’autres  systèmes  économiques que le  capitalisme néolibéral », « le libre  échange  est l’unique  voie  de la  croissance  et de  la  prospérité », « est  bon  tout  ce qui  favorise  le libre  échange, mauvais  tout  ce qui le  contrarie », « il n’y a  qu’un  maître : le marché, il n’y a  qu’une  liberté : celle  de «la  main » invisible du  marché », « chacun pour  soi, le  marché pour  tous », « plus  le monde  sera  ouvert, plus la croissance  sera  élevée, plus  le bien-être  se généralisera », « ouvrez, privatisez, et  le marché  fera  votre  bonheur », etc.  L’autorité  de ces  axiomes  légitime  le  mondialisme[46]. 

Celui-ci dispose, en outre, d’un  principe  d’exclusion.  Il  exclut  des  données, des énoncés  qui ne  lui  sont  pas  conformes  ainsi que  des problèmes qu’ il ne  connaît  pas.  Cela  explique  son  aversion contre le  Keynésianisme et  l’Etat-Providence.  Le paradigme néolibéral s’oppose  à la  superstructure (morale, politique, philosophie, pratique juridique, etc.) bâtie sur  l’infrastructure keynésianiste.   Ainsi, le mondialisme instaure-t-il une autre  vision du monde, une  autre  pratique  sociale, politique et économique où le  bonheur de l’homme  se trouve  dans  le marché[47].

Autrement dit, le monde sera  meilleur et heureux, seulement et  seulement si le  monde  est un  marché.  De ce fait, « le sens actuel de l’histoire  des sociétés contemporaines  est  celui de l’évolution nécessaire, inexorable et inévitable vers la constitution d’un grand marché mondial unique, intégré, autorégulateur ( The Single Market Place »[48]). Cet idéal étant  en voie  de concrétisation, nous nous  trouvons  dans un  contexte  engendrant les effets  de la mondialisation néolibérale.

 

De ce paradigme, on comprendra pourquoi d’aucuns ont  considéré le néo-libéralisme de religion[49] dont le décalogue serait celui-ci :

« Tu te laisseras conduire par l’égoïsme… [Utilitarisme]

« Tu utiliseras l’autre comme moyen pour parvenir à tes

fins ! [Exploitation et tout est marchandise]

« Tu pourras vénérer toutes les idoles de ton choix pour vu

que tu adores le dieu suprême, le marché ! [Primat du marché

qui est source du bonheur]

« Tu ne fabriqueras pas le Kant-à-soi visant à te soustraire à

la mise en troupeau ! [Main invisible et laisser-faire]

« Tu combattra tout gouvernement et tu prôneras la bonne

gouvernance ! [Moins d’Etat]

« Tu offensera tout maître en position de t’éduquer ! [Refus de

toute régulation de la part de l’Etat]

« Tu ignoreras la grammaire et tu barbariseras le vocabulaire !

[Ne  retenir que le vocabulaire du néo-libéralisme]

« Tu violeras les lois sans te faire prendre ! [Libre

concurrence]

« Tu enfonceras indéfiniment la porte ouverte par Duchamp !

[Si avec Marcel Duchamp l’art a connu un retournement

majeur, « économiquement, dans le paradigme néolibéral il y

a le principe d’exclusion, exemple l’exclusion de la morale  et

dire qu’il est interdit d’interdire]

« Tu libéreras tes pulsions et tu chercheras une jouissance

sans limite ! [Invitation à la consommation]»[50].

Toutefois en 2010,  Georges Corm donneras huit dogmes religieux ou des principes du néolibéralisme / axiomes fondamentaux :

« L’être humain en tant que créature raisonnante agit toujours

dans la sphère économique de façon égoïste et rationnelle

pour maximiser son bien-être.

« L’addition de ces comportements individuels assure le plus

grand bien-être de la société.

« L’Etat doit, en conséquence laisser le champ libre à

l’égoïsme individuel et [ à ] ses initiatives économiques afin de

maximiser le bien-être social collectif.

« Il ne doit donc pas intervenir dans la sphère économique…

« Seul le marché peut jouer le rôle d’arbitre entre les intérêts

individuels par le libre jeu de l’offre et de la demande…

« Ce dernier n’a pas vraiment besoin d’intervention extérieure

de la part de l’Etat…, il s’autocorrige…

« La spéculation sur les marchés est dénoncée à tort…

« Les principes de libéralisation des marchés doivent s’appliquer non seulement à l’intérieur des frontières des Etats, mais aussi dans les relations économiques et financières qui se créent entre les acteurs des différents marchés nationaux. C’est pourquoi le monde doit  devenir un marché unique libre…Le protectionnisme  qui protège des marchés nationaux des bienfaits de la concurrence internationale est un mal absolu qu’il convient de combattre sans répit »[51].

L’application de ces principes ou mieux le paradigme néolibérale


 

2.2.   De la mise en question de la souveraineté de l’Etat

Il  sied de se poser la question de savoir ce qu’est devenu l’Etat à l’ère de la mondialisation. Les  rapports entre l’Etat et la mondialisation sont complexes, car paradoxaux, réconciliant,  conflictuels, etc.

A première vue, la mondialisation semble fragiliser les fondements de l’Etat, à savoir son territoire et sa souveraineté. Cependant, devons-nous le reconnaitre, la mondialisation n’annonce pas la fin de l’Etat même si elle lui dessaisit de certaines de ses prérogatives. Reconnaissons qu’elle contraint l’Etat à reformuler sa tâche et son rôle. Ainsi, amène-t-elle l’Etat à s’adapter. C’est volontairement que l’Etat opte pour la mondialisation qui le malmène par le haut (les marchés mondiaux des capitaux), par le bas (l’émergence d’une société civile) et par les côtés (l’importance de firmes multinationales ou transnationales).

L’Etat se trouve avec des frontières perméables afin de faciliter les différentes formes des circulations et connaît un découplage entre espace politique et espace économique. « Si le premier demeure encore national, le second ne peut désormais être enfermé dans aucune territorialité, comme l’ont montré les logiques de FMN ou  celle des marchés financiers »[52].

En outre, l’Etat connaît une certaine concurrence de la part de FMN, des marchés financiers, des O.N.G. et de la société civile nationale ou mondiale de telle sorte qu’il ne peut pas revendiquer « un droit exclusif à agir sur la scène internationale »[53]. Nul n’ignore qu’il y a aussi « un formidable développement des règles internationales, qui en viennent peu-à-peu à empiéter sur les anciens domaines de souverainetés des Etats »[54]. Par ailleurs, cette remise en question du territoire et de la souveraineté qu’on observe, engendre à son tour un « affaiblissement du lien entre les citoyens et son Etat, affaiblissement lourd de conséquences c’est ainsi que par exemple la nationalité paraît pesée de moins en moins par rapport au lien de résidence (…). De même le patriotisme paraît avoir perdu de son intensité (…). L’Etat paraît en un mot désacralisé, car le lien qui le lie avec ses sujets n’est plus tant celui du sang et de la passion que celui du calcul coûts/avantage et de la raison ; une logique qui n’est pas étrangère au profond bouleversement induit par la mondialisation »[55].

On peut même ajouter que l’Etat semble perdre son autonomie de telle sorte qu’il ne serait plus « autant à même qu’avant d’accomplir ces quatre tâches existentielles que sont la garantie de la sécurité, de la justice, de la liberté et de la richesse. James Rosenau va encore plus loin en voyant dans l’ère contemporaine une période de désordre entre l’ordre ancien interétatique et un ordre nouveau mondialisé, au sein duquel les Etats sont amenés à être de plus en plus impuissants »[56].

Sans vouloir entrer dans le débat opposant les globalistes ou hyperglobalistes (pour qui « la mondialisation entraîne des profondes transformations structurelles du système international provoquant par le fait même un changement fondamental dans la nature de l’Etat, voire sa disparition dans sa forme actuelle »[57]), les sceptiques  (qui pensent que « la mondialisation n’affecte que marginalement la nature de l’Etat »[58]) et les transformationalistes ( qui défendent la thèse selon laquelle « l’Etat n’est pas fondamentalement menacé par la mondialisation, mais sera tout de même amené à modifier son rôle et ses fonctions »[59] ), il est tout de même opportun d’affirmer que la mondialisation a l’impact sur les deux piliers fondamentaux de l’Etat, en l’occurrence la souveraineté[60] et la territorialité.

De ce qui précède, l’on comprendra que l’Etat a des nouveaux rôles en tant qu’acteur de la mondialisation. C’est l’Etat qui décide de son intégration ou non intégration dans l’économie mondiale ; il reste toujours l’acteur clé en politique (relation internationale) et même des institutions comme FMI, BM, ONG, G8 et G20 sont ses émanations et la mondialisation a besoin de l’Etat pour se réaliser. L’Etat demeure toujours le but recherché par des nombreux peuples à travers le monde (Cfr. les immigrations), l’Etat tire parti de la mondialisation pour mieux se développer (ainsi, il s’adapte à la mondialisation) et il le fait volontairement. L’Etat, à travers ses dirigeants qui voyagent avec leurs investisseurs, propage et encourage  la mondialisation.

CONCLUSION

De tout ce qui précède, on aura compris que  Mondialisation, entreprises et souveraineté de l’Etat  est une réflexion  qui montre que l’Etat est comparable à un serpent qui se mord la queue. L’Etat a opté pour la mondialisation néolibérale par la révolution conservatrice du tandem Margaret  Thatcher et Ronald Reagan en mettant en pratique les thèses néolibérales de Frederic August Von Hayek et de son Association Mont Pèlerin. C’est ainsi que l’Etat est un acteur de la mondialisation néolibérale. L’Etat a été propice à la création des entreprises transnationales et multinationales qui ont leur propre logique et qui le contraignent  à s’adapter à leur paradigme. Suite aux rapports complexes allant du paradoxal, au réconciliant,  au conflictuels et à l’entente, l’Etat, à notre humble  avis,  voit  perpétuellement sa souveraineté remise en question par la mondialisation néolibérale et ce, de façon visible, grâce ou à cause des entreprises transnationales et multinationales dont il ne peut se passer, quand bien même il faudrait se passer des revendications sociales de sa population.

 

 

 

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[1]Cf.  BALIBAR, E., Frontières du monde, frontières de la politique, dans DELBACCIO, M. et PELLOILE, B. (dir), Du cosmopolitisme, Paris, L’Harmattan, 2000, p.182.

 

[2] BOLDUC, D. et AYOUB, A. ,  La mondialisation et ses effets : revue de la littérature, Université Laval, novembre 2000, p.9.

[3] Cf. AGUITON, C., Le monde nous appartient, Paris, Plon, 2001, p.33.

[4] Jean-Luc Cipière en parle abondamment dans son article Les années 80 :La phase d’expansion du néo-libéralisme dans Institut de formation/attac Rhône/cycle sur le néo-libéralisme/session 7 du 12 décembre 2002.

[5] Cf. MICHALET, C.-A., Qu’est-ce que la mondialisation ? Petit traité à l’usage de ceux et celles qui ne savent pas encore s’il faut être pour ou contre, Paris, La Découverte, 2004, p.97.

[6] Ib.

[7] Ib., p. 293. Tout en étant discutable sur l’exactitude de la périodisation, cette façon de voir de Michel Albert reste valable dans son contenu.

[8]  Le site http://www.toupie.org/Dictionnaire/Mondialisation.htm situe l’origine du terme mondialisation, en français, en 1964 « dans le cadre des travaux économiques et géopolitiques pour désigner l’extension des marchés industriels au niveau des blocs géopolitiques, au moment de la guerre froide ».

[9] - Qu’est-ce que la mondialisation ? [en ligne] http://-radio-canada.ca/nouvelles/dossiers/mondialisation/ 1a. asp (page consultée le 22/03/2005). Edouard Herr, dans son article La mondialisation : pour une évaluation éthique ?, publié dans Nouvelle revue théologique 122 (2000), à la page 51, se contente de dire que « le terme [mondialisation] nous vient des années 1980 ».

[10] Cf. Ib.

[11] LOROT, P. (dir), Dictionnaire de la mondialisation, Paris, Ellipses, 2001, p.310.

[12] BERGER D., Pérestroïka, la révolution réellement existante ? [en ligne] http:// multitudes.samizdat. net/article. php3 ? id. article =491(page  consultée le 29/06/2005à).

[13]  GAUTHIER, A. , L’économie mondiale. Du début du XXe siècle à nos jours : d’une mondialisation à l’autre, Rosny,  Bréal, 2004, p.356.

[14] GORBATCHEV, M., Perestroïka. Vues neuves sur notre pays et le monde, Paris, Flammarion, 1097. André Gauthier nous apprend que si M. Gorbatchev est l’arisant de la Perestroïka, l’économiste  Abel Aganbeguian en est l’inspirateur.

[15] BERGER D., Pérestroïka, la révolution réellement existante ?,o.c.

[16] Ib.

[17] Ib.

[18] Ib.

[19] Mikhaïl Gorbatchev, cité par Ib. Cette déclaration   peut être  interprétée  de  plusieurs  façons.  Les conservateurs  ont  vu  en elle  un mensonge, car,  de par  la Glasnost et la Pérestroïka, cette  issue  était prévisible.  Si réellement Mikhaïl Gorbatchev était  sincère, alors  Hegel a vu sa  thèse  se réaliser. En effet, Hegel pense  que la Raison, par sa ruse,  utilise certaines  personnes, et ce  à leur insu, a réalisé  sa matérialisation dans l’histoire  concrète.  Encore une fois, nous  revenons  à la  « ruse » de la Raison.

[20] C’est le 11 septembre 1990 que le président des Etats-Unis, George Bush, prononça son célèbre discours annonçant le « nouvel ordre mondial » dont les Etats-Unis assureraient le leadership de facto : « Une nouvelle ère plus libre de la menace de la terreur, plus forte dans la poursuite de la justice et plus sûre dans la quête de la paix. Une ère dans laquelle les nations du monde, Est et Ouest, Nord et Sud, peuvent prospérer et vivre en harmonie (…) Un monde dans lequel le règne de la loi remplace la loi de la jungle. Un monde dans lequel les nations reconnaissent la responsabilité partagée de la liberté et de la justice. Un monde où les forts respectent les droits des faibles » ( G. BUSH cité par  G. ACHCAR cité par ZACHARIE, A., o.c., p.140. ) Un 11 septembre 2001 est à la base d’un autre genre de discours justifiant toute intervention étatsunienne dans le monde entier et ce au nom de l’ennemi réel ou supposé qu’est le terrorisme sous toutes ses formes.

[21] Cette expression fut employée pour la première fois par John Williamson et ce, en 1989.

[22] WILLIAMSON,  J., Un  train de réforme devenu un label galvaudé. Consensus de Washington, un  bref  historique  et quelques  suggestions, dans Finances  et Développement (septembre  2003), p 10.  Contrairement à ce que  d’aucuns  disent, ce  document à thèses  néolibérales a été  conçu  avant tout pour l’Amérique Latine.

[23] Cf. WILLIAMSON, J.(éd), Latin American Adjustment:How Much   has Happenned? Washington, Washington Institute for International Economics, 1990.

[24]  ZACHARIE, A., Mondialisation : qui gagne et qui perd. Essai sur

                    l’économie politique du développement, Bruxelles,  Editions Le Bord de l’Eau, 2013, p.128.

[25] GRAZ, J.-C., La gouvernance de la mondialisation, Paris, La Découverte, 2010, p.56.

[26] WILLIAMSON J.,a.c., p 10.  Quand John Williamson parle de ce programme  en 2003, donc  14 ans  après, il se défend  contre  les  attaques  qui font de « son » programme  la charte  du néolibéralisme.  A ce propos il écrit : « (…), un certain  nombre  de doctrines  clairement néolibérales  sont  notablement  absentes de ma liste : le monétarisme, les  faibles  taux d’imposition indissociables de  la théorie de l’offre, l’Etat minimal (qui  ne se charge  ni de corriger les inégalités de revenu ni d’internaliser les externalités) et la libre  circulation des capitaux » (Ib., p11).  Malgré cette justification, l’application de ce « son » programme donne  raison  à ses détracteurs ; voilà  qui  explique, après  constat de sa part, l’emploi de l’imparfait.  Chaque  fois qu’il  parler de « son » programme, il  se  repent en ces  termes  : « Pour la réforme  des taux d’intérêt, j’aurais dû opter pour une  formulation  plus  généralisée en parlant de libéralisation  financière, souligner  que les  avis divergeaient  quant  au rythme souhaitable et reconnaître  que le  processus devrait  s’accompagner d’un  contrôle prudent. [Pour  la réforme  de taux  de change  compétitif ], , je  crains  d’avoir pris  mes désirs  pour des réalités en affirmant l’existence d’un  consensus  en faveur  de l’application de  taux  de change  compétitifs. [Pour la réforme de la libéralisation des investissements  directs  en provenance de l’étranger], c’est  sciemment  que je n’ai   pas  parlé  de libéralisation  complète  des  mouvements de capitaux, car je ne pensais pas qu‘il existait un  consensus à  ce sujet. [Quant à la réforme  de la privatisation), c’était le seul  domaine  où une idée initialement néolibérale avait  fini par  convaincre  un très  large public. Depuis, nous  avons été  forcés de reconnaître  que les  modalités  de la  privatisation  sont très  importantes : le processus  peut être très corrompu et  conduire à  brader des actifs à une  élite privilégiée. [Impénitent, il  affirme  qu’] à l’évidence, la privatisation  est  bénéfique (notamment parce qu’elle  améliore  les services ) si elle  est opérée correctement  et si  l’entreprise privée   est  soumise à la  concurrence ou à une réglementation appropriée » (Ib ; p 10). A dire vrai, John Williamson a été dribblé par la « ruse » de la Raison hégélienne, pour  avoir ignoré la « logique » du Marché.

[27] ZACHARIE, A., o.c.,, p.159.

[28] DEFARGES P.M., La mondialisation, Paris, PUF, 2010, p.45.

[29] Ib.,p.53.

[30] Ib.,p.50.

[31] La notion de triade, nous renseigne  Charles-Albert Michalet (Qu’est-ce que la mondialisation ? Petit traité à l’usage de ceux et celles qui ne savent pas encore s’il faut être pour ou contre, Paris, La Découverte, 2004, p.29) a été lancée par K. OHMAE dans son ouvrage La Triade, Paris, Flammarion, 1995.

[32] Cf. VON HAYEK, F. A., La route de la servitude, traduction de G. Blumberg, Paris, PUF, 2013.

[33] ANDERSON, P., Histoire et leçons du néolibéralisme, dans HOUTART, F. et POLET, F. (dir), Un autre Davos. Mondialisation des résistances et des luttes, Paris, 1999, p.12. A dire vrai, ce que dit l’auteur est la thèse de Hayek dan son  La route de la servitude, traduction de G. Blumberg, Paris, PUF, 2013.

[34]  Cf. BIDET, J. et DUMENIL, G., Altermarxisme. Un autre marxisme pour un autre monde, Paris, PUF, 2007, p.80-81

[35] Ib., p. 12-13.

[36]  L’expression de « Trente  Glorieuses » est de Jean Fourastié. Ce dernier a publié un ouvrage intitulé Les trente Glorieuses ou la révolution invisible de 1946 à 1975 (Paris, Fayard, 1979). Cette expression ferait écho « aux Trois glorieuses, journées révolutionnaires du 26 au 28 juillet 1830 qui auraient vu la chute de Charles X et l’instauration de la monarchie de juillet de Louis-Philippe Ier » (Trente glorieuses, [en ligne] http://fr.wikipedia.org/wiki/Trente_glorieuses (page consultée le 14/08/2005)

[37] Cf. SAMUEL, A., o.c. p.9. Rober Nadeau est revenu sur ce sujet en indiquant Hayek comme l’inspirateur de l’idéologie du marché ( NADEAU, R., Friedrich Hayek et le génie du libéralisme [en ligne] www.er.uqam.ca/.../Hayeket%20le%20genie%20du%20liberalisme.pdf ( page consultée le 19/O8/2014)

[38]  DE SENARCLE, La mondialisation. Théories, enjeux et débats, p.78.

[39] SOW, O., cité par TOURE Marèma, L’impact de la mondialisation au niveau social, BIT/CODESRIA [en ligne] http://www.ile.org/public/english/wcsdg/docs/poure.pdf (page consultée le 29/6/2005).

[40] Cf. WEYDERT, J., Prophètes néo-libéraux, dans Etudes (mai 1990), p.609.

[41] Cf. CORM, G., Le nouveau gouvernement du monde : idéologies, structures, contre-pouvoirs, Paris, La Découverte, 2010, p.28-29  parle bien de Hayek et de Friedman spécialement.

[42]  Cf. LATOUCHE, S., Les dangers du marché planétaire, Paris, 1998, p.62.

[43] Loin de nous, dans cette section, de faire une archéologie intellectuelle du (des) néolibéralisme (s) comme le fit   Serges Audier ( AUDIER , S., Néo-libéralisme (s). Une archéologie intellectuelle, Paris, Grasset,2012), encore moins une histoire du libéralisme et du néo-libéralisme ( LAGUEUX, M., « Qu’est-ce que le néo-libéralisme ? », édition électronique, Québec, 2004).

[44] Cf.  MORIN, E., La méthode 4. Les idées : leur habitat, leur vie, leurs mœurs, leur organisation, Paris, Seuil, 1991,  p.213.

 

[45] Cf. MICHALET, C.-A. , o.c., p.27.

[46] Albert Samuel  nomme  justement « mondialisme »  l’idéologie néolibérale (SAMUEL, A., a.c., p.9.)

[47] D’aucuns ont parlé de « fin d’idéologies ».  Oui, c’est la fin de certaines  idéologies (socialisme dit réel et le keynésianisme) et le règne d’une  autre idéologie, le  néolibéralisme.  L’homme  étant un  animal idéologique selon Louis Althusser, les idéologies existeront toujours. Michel Maffesoli, pour sa part, pense qu’il ne s’agit pas de la fin des idéologies mais de leur transfiguration. Nous aurons à développer cet aspect dans la troisième partie.

[48] PETRELLA, R., o.c., p.9.

[49] Cf. DUFOUR, D.-R., Le  Divin Marché. La révolution culturelle libérale,  Paris, Denoël, 2007.

[50] IRRMAN, G.,  Fiche de lecture : Le Divin Marché de Dany-Robert Dufour, Paris, Majeure Alternative Management-HEC, avril 2008, p.10-17. Ce décalogue est de Dany-Robert Dufour tel qu’il est repris par Gaaëtan Irrman. Les notes mises entre crochets [] sont les nôtres.

[51] CORM, G., Le nouveau gouvernement du monde. Idéologies, structures, contre-pouvoirs, Paris, La Découverte, 2010, p.80-81.

[52] J. SIBONI, Les Etats et la mondialisation, Institut d’Etudes Politiques de Paris, s.d., p.3.

[53] Ib., p.3.

[54] Ib., p.4.

[55] Ib., p.4.

[56] Ib., p.4.

 

[57] D. BOLDUC et A. AYOUB,  o.c., p.64.

[58] Ib., p.64.

[59] Ib., p.64.

[60] Le concept de souveraineté a été dilaté par Stephen D. Krasner qui la subdivise en quatre catégories : « La souveraineté de contrôle ou d’interdépendance ( capacité d’un gouvernement de contrôler les activités à l’intérieur de ses frontières ainsi que les flux qui les traversent) ; la souveraineté domestique (organisation de l’autorité à l’intérieur de l’Etat) ; la souveraineté westphalienne ( exclusion de toute autorité externe) ; et la souveraineté légale internationale ( réfère à la légitimité internationale, c’est-à-dire à la reconnaissance d’un Etat par un autre et à l’ensemble des droits qui sont liés à cette reconnaissance tels le droit de signer des traités ou de joindre des organisations internationales) » ( Stephen D. Krasner cité par Ibidem, p.71.).