La méthode est l’ensemble des règles ou idées directrices  pour conduire raisonnablement, logiquement nos pensées. En d’autres mots, c’est la VOIE À SUIVRE pour atteindre le but qu’on s’est fixé.

Nous ne sommes pas sans savoir que la définition de la méthode et des techniques pose problème. Grawitz  en fait écho.

Notre définition ci-haut citée pourrait être qualifiée de philosophique, mais elle est la plus simple et la plus claire, pensons-nous. On adopte la méthode après avoir répondu à cette question : « Comment arriverai-je à atteindre le but que je me suis assigné ? » En d’autres mots, quel chemin ou voie dois-je emprunter pour atteindre mon but ? Ainsi, on aura à choisir parmi les nombreuses « VOIES », mais il faut choisir la meilleure ou celle qui correspond à son travail[1].

Chaque méthode peut avoir des étapes ou des moyens dont elle se sert dans l’ensemble. Ceux-ci sont appelés techniques. Et c’est à ce niveau que Madeleine Grawitz devient intéressante quand elle écrit que « ce que l’on peut dire, c’est que la technique représente les étapes d’opérations limitées, liées à des éléments pratiques, concrets, adaptés à un but défini, alors que la méthode est une conception intellectuelle coordonnant un ensemble d’opérations, en général plusieurs techniques (…). Les techniques ne sont donc que des outils, mis à la disposition de la recherche et organisés par la méthode dans ce but »[2].

MWENE Batende est plus explicite quand il affirme que « les techniques de recherche constituent des outils d’investigation scientifique, des instruments de travail primordiaux auxquels les chercheurs recourent au début et au cours de leur recherche. Ils leur servent à la collecte, au dépouillement, à l’interprétation et à une première analyse des données empiriques indispensables à la démarche scientifique du second niveau, c’est-à-dire du travail sur les matériaux collectés, de l’exploitation scientifique des données rassemblées sur le terrain. Parmi ces techniques, nous pouvons citer : les interviews(…), l’observation (…), les techniques d’échantillonnage (…) »[3].

 La méthode, devons-nous le retenir, utilise et organise les techniques.



[1] Il est intéressant à ce propos de lire KALELE-KA-BILA, Cours de méthodologie sociologique. Comment découvrir la méthode qui convient le mieux et comment l’appliquer correctement d’un bout à l’autre de son analyse ? Lubumbashi, Labosa, s.d. . Dans ce cours, KALELE s’inscrit en faux contre la définition de la méthode proposée par PINTO et GRAWITZ, et suggère la suivante : « La méthode est une opération intellectuelle de traitement des données relatives à une réalité sociale étudiée en fonction d’un objectif précis ; opération qui, pour être véritablement scientifique et efficace, doit tout au long de ce traitement, tenir constamment compte de la double essence et du fait social et de l’objectif poursuivi » (Ib. p. 44) . C’est nous qui soulignons. Etant dans le domaine sociologique, cette définition vaut son pesant d’or, mais pour le domaine biologique, physique et mathématique, elle est limitée. Voilà pourquoi l’on doit être souple quand on doit définir la méthode.

[2] M. GRAWITZ, ., Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 1979, p. 345-346.

[3] MWENE Batende, Quelques aspects des principales méthodes de recherche dans les sciences sociales, dans Problèmes de méthodes en philosophie et en sciences humaines en Afrique. Actes de la 7ème  Semaine Philosophique de Kinshasa du 24 au 30 avril 1983, Kinshasa, FTC, 1986, p.157.

CHAPITRE PREMIER : DE LA JUSTIFICATION DE L’INTITULÉ DU LIVRE

Le titre de notre livre mérite une clarification des concepts.

1.1.       MÉTHODOLOGIE

 

Étymologiquement, le mot Méthodologie signifie « science de la méthode » ou « science du comment faire ».

Sachant que la méthodologie a plusieurs définitions, nous en retenons quelques unes. Pour Herman, la méthodologie de la recherche « est un ensemble d’idées directrices qui orientent l’investigation scientifiques »[1]. Il y a quatre pôles qui constituent cet ensemble :

« Le pole épistémologique (les paradigmes), le pole théorique (le contexte théorique de la recherche) ; le pole  morphologique (la mise en forme de l’objet scientifique) ; le pole technique(les techniques de travail)»[2].

Crotty, de sa part, définit la méthodologie comme étant la « stratégie, le plan d’action, le processus  sous-jacent aux choix et à l’application de techniques de travail spécifiques nommées méthodes. Elle fait le lien entre le choix des méthodes et les résultats attendus »[3].

Cependant Potter nous apprend que la méthodologie est un « ensemble des perspectives sur la recherche ; elles dégagent une vision de la nature de la recherche et comment celle-ci devrait être conduite »[4].

La première définition met l’accent sur les idées directrices  et  l’investigation scientifique  ou recherche scientifique et cela nous renvoie, sans doute, à la méthode que nous aurons à définir au moment opportun. Les différents pôles seront explicités au cours de différentes parties de ce livre.

La seconde met en exergue la stratégie ou le plan d’action, ou mieux la manœuvre à mettre en pratique pour atteindre un but ou un objectif. Et les techniques de travail ou de recherche jouent effectivement ce rôle. Ceci dit, nous ne sommes pas d’accord avec Crotty qui veut que la technique de travail soit nommée méthode ; et pourtant les deux se complètent sans se confondre. Cependant, reconnaissons que nous partageons sa pensée quand il insiste sur le lien existant entre la méthode et les résultats attendus. Il va de soi que le choix et l’application d’une méthode qui ne correspond pas à l’objet de recherche, conduisent aux résultats non attendus.

La troisième et dernière définition retenue, celle de Potter, nous invite à nous pencher sur les perspectives de la recherche ou les différentes manières d’envisager ou de concevoir la recherche et ce, en vue de se faire une idée ou une vision de la nature de la recherche. En effet, celle-ci peut être, de par sa nature, fondamentale, et de ce fait, elle aboutit à la production d’une connaissance d’ordre théorique ; elle peut aussi engendrer une connaissance propre à l’application. On aura, de par sa nature, une science appliquée. Par ailleurs, Potter nous avertit que la méthodologie, étant une science du comment faire, doit nous indiquer comment la recherche doit être conduite. 

De ce qui précède, on comprendra que la où l’on parle de méthodologie, il y a toujours la recherche scientifique ou l’investigation scientifique. Celle-ci porte sur un sujet donné ou un objet, appelé objet de recherche ou d’étude. Et cette recherche scientifique doit aboutir à des résultats. C’est ici que la question  méthodologique surgit et se pose : comment faire ma recherche pour aboutir à des résultats ? La méthodologie comme science du comment faire  va intervenir pour  répondre à cette question. Elle mettra à la disposition du chercheur des idées directrices (méthodes) pour orienter l’investigation scientifique. Elle lui permettra de choisir une ou plusieurs méthodes appropriées selon l’objet de recherche et elle l’invitera à appliquer telle ou telle(s)technique(s) de recherche scientifique.

Bref, la méthodologie, selon nous, est l’ensemble des méthodes et des techniques de travail  ou de recherche que le chercheur met en œuvre durant son investigation scientifique afin d’aboutir  à des résultats.

Signalons que le chercheur n’aborde pas son objet de recherche comme s’il était une tabula rasa. Il a une façon de voir les choses, et ce, compte tenu de sa formation scientifique, de son milieu socio-économico-politique ; Il parle toujours à partir d’un lieu théorique et pratique donné, comme nous le répète Louis Althusser. Ainsi la dimension épistémologique est toujours présente dans le chef de tout chercheur  et il sied de le suivre, de l’interpréter ou de le comprendre à travers le tamis des questions suivantes :

1. Quelle est sa vision de la réalité  en question (son objet d’étude) ? Est-elle externe ? Est-elle construite par plusieurs interactions et une pluralisée des points de vue ? Reflète-t-elle des rapports de force entre des individus ?

2. Quel rapport établit-il avec le savoir à produire ? S’agira-t-il d’un savoir généralisable, transférable ou émancipateur ?

3. Quelle finalité vise-t-il ? Est-ce la vérification, la compréhension ou la transformation ?

4. Quelle sa position face à sa recherche ? Est-il neutre et objectif dans sa démarche scientifique ? Est-il subjectif ? Est-il acteur ou partie prenante de la transformation de la recherche ?[5]

         C’est à ce niveau que Sylvain Shomba Kinyamba parle, avec raison, de l’Ombre du chercheur[6].

Aux réponses données à ces questions, correspondent 


[1] HERMAN cité par L.SAVOI-ZAJC et T.KARSENTI, La méthodologie, dans T. KARSENTI et L.SAVOI-ZAJC (dir), La recherche en éducation, Québec, Ed. du Renouveau Pédagogique Inc, 2011, p112.

[2] .SAVOIE-ZAJC et T.KARSENTI, a. c., p112.

[3] CROTTY cité par Ib..p.122.

[4] POTTER cité, par L.SAVOIE-ZAJC et T.KARSENTI, a.c., p.112

[5] Cf. L. SAVOIE-ZAJC et T.KARSENTI, a.c., p.114.

[6] Cf. S. SHOMBA Kinyamba, L’élaboration des thèses de doctorat aux universités congolaises à l’épreuve de la codirection Nord-Sud, Leuven, Acco, 2010, p.40-43.