La  philosophie prosôponiste du langage se fonde sur la philosophie de la rencontre (L. MPALA Mbabula : 2016) dans laquelle la personne, l’être humain est au centre, car il est toujours en face de l’autre être humain ; or l’être humain  est homo loquens, un sujet parlant, toujours « un être face aux yeux d’autrui, face tournée vers l’autre, en relation, en rapport avec autrui, être-en-communion » (Le personnalisme : 2006). Et  l’humilité est requise parce que « lorsqu’il s’agit d’union ou de rencontre, tout complexe de supériorité doit nécessairement disparaître » ( P. TEMPELS, cité par L. MPALA Mbabula :2016). Un  principe anthropologique, à savoir « un être humain ne pourra jamais se perfectionner ou renforcer son être tant qu’il reste seul [car] créés dépendants les uns avec les autres [et n’accomplissant son] être que dans une vie interpersonnelle » (P. TEMPELS, cité par L. MPALA Mbabula :2016), fonde le prosôponisme. La  Rencontre étant liée aux concepts d’amour, de don libre, du respect absolu de la liberté de l’autre, de bienveillance, de confiance, d’amitié, de « oui » réciproque, prononcé par les deux êtres entièrement libres, est à la source du « Toi-et-Moi » engendrant le « nous » ; ainsi la rencontre a un « caractère destinal », selon Cécile Duteille. Elle  est « destinale » au sens où « elle destine les protagonistes à une manière d’être, sans précédent pour eux. La rencontre apparaît comme l’événement qui redistribue les possibles. Elle est le « moment axial » à partir duquel la vie ne sera plus jamais la même » (C. DUTEILLE : 2003). En effet, dans une rencontre authentique, on n’y est jamais spectateur de ce qui nous arrive, mais on s’y retrouve entièrement impliqué.

La rencontre dont nous parlons a lieu surtout grâce au LANGAGE. C’est ici que la philosophie prosôponisme ne se veut pas être en deçà et au-delà des structuralismes (. F. WALL : 1968), mais par-delà. Loin de parler de l’avant et de l’après des structuralismes, notre philosophie veut se situer par-delà les conflits des structuralismes, et ce pour avoir suivi le conseil de Jean-Baptiste Fages (J.-B. FAGES : 1968a) : ne pas confondre l’analyse linguistique (structurale) de la langue et l’approche philosophique de la langue et sur ce point Ferdinand De Saussure est clair : « Il faut choisir entre deux routes qu’il est impossible de prendre en même temps ; elles doivent être suivies séparément » (F. DE SAUSSURE : 1969).  De ce fait, nous serons capable d’apprécier Ferdinand De Saussure à sa juste valeur quand il donne l’objet formel de la linguistique et ainsi il arrive à séparer la langue (ce qui est social) de la parole (ce qui est individuel)( F. DE SAUSSURE : 1969) (distinction sui generis) tout en veillant à affirmer leur caractère dialectique (« il y a donc interdépendance de la langue et de la parole » (F. DE SAUSSURE : 1969)).

               La philosophie prosôponiste du langage exploitera les concepts de langage, langue, parole et signe tels qu’ils sont définis et explicités par F. De Saussure, et ce sous l’angle philosophique et non linguistique. Aussi serons-nous à même de nous démarquer de Mikhail Bakhtine alias Volochînov aveuglé par le marxisme prélogique qui lui fait voir dans tous les signes une idéologie et qui nie la dialectique entre Langue et Parole chez De Saussure(M. BAKTHINE : 2009 ) comme s’il n’a pas lu l’auteur. Oui, beaucoup parlent et enseignent de F. De Saussure sans l’avoir lu. Ceci vaut aussi pour le cas de Karl Marx.

               Les sujets parlants sont interactifs dans la philosophie prosôponiste (rejet des structuralismes) et les différents rôles de la langue et de la parole exprimant tant bien que mal la pensée y seront mis en exergue, car il y va de la destinée de la rencontre destinale.

 

Mots clés :

            Langage, langue, parole, signe, philosophie prosôponiste, F. De Saussure, M. Bakhtine, rencontre, philosophie de la rencontre, structuralismes, Télécharger ici